Après une première saison qui n’avait pas conquis les rédact.eur.rices de Berthine, la série choc de Netflix « 13 Reasons Why » vient d’être enrichie d’une deuxième saison, qui nous laisse (presque) aussi perplexe que la première.
Attention, si vous n’avez pas vu la saison 1 de 13 Reasons Why cet article contient des spoilers, à lire à vos risques et périls !
Quelques mois après le suicide de Hannah, ses parents s’engagent dans une bataille judiciaire contre le lycée ; ils accusent l’établissement de n’avoir rien fait face à la détresse de leur fille et de nourrir une culture de harcèlement scolaire. C’est ce procès qui est le fil rouge de la structure de la série ; à la place de la voix de Hannah sur les cassettes, on entend en voix-off les témoignages de tou.te.s celles et ceux appelé.e.s pour témoigner.
Autant vous dire que la structure narrative, le grand point fort de la première saison et ce qui en faisait toute l’originalité, se casse complètement la figure. Les « témoignages » (qui relèvent souvent plus d’une fausse philosophie que d’un réel témoignage acceptable en procès) sonnent faux, sont très peu efficaces et, très sincèrement, on aurait pu s’en passer.
Pendant ce temps, la vie des personnages continue : Clay est toujours aussi apathique, Tony a toujours ses étoiles derrière l’oreille, Bryce est toujours aussi répugnant, et les acteurs sont toujours aussi inégaux dans leurs jeux. Deux protagonistes sortent du lot : Alex et Jessica. Tandis que le premier a survécu à sa balle dans la tête (un coup de chance exclusivement réservé aux séries américaines) et se bat pour reprendre le contrôle de son corps et de ses souvenirs, Jessica essaie de se remettre du viol qu’elle a vécu l’année précédente.
Et c’est via ce personnage que 13 Reasons Why devient réellement intéressante. Bien que bourrée de stéréotypes, la série parvient à offrir une réflexion nuancée et plutôt complète pour un tel support sur le viol et surtout sur ses victimes. Après ce qu’elle a vécu, Jessica ne supporte plus son propre corps ; elle a honte, elle a peur… Le viol n’est pas forcément commis par un inconnu dans une rue sombre et isolée : il peut être commis par un proche, voire un conjoint ; si la victime est inconsciente, alors c’est un viol ; et, surtout, rares sont les cas où le violeur est condamné. Cette thématique est abordée avec bien plus de finesse que celle du suicide, comme si les créateurs de la série avaient entendu les vives critiques qui les accusaient de glorifier le suicide comme acte de vengeance (notons également la présence d’un message contenant site web et numéro de téléphone destinés à des éventuels spectateurs qui envisageraient de se suicider au début et à la fin de chaque épisode).
Cette deuxième saison est gonflée d’enjeux variés : acceptation de la différence chez les autres, homosexualité, maladies psychiatriques, pression de groupe… Tous ces thèmes sont abordés de façon plus ou moins subtile et réussie, mais on sent que la série a souhaité être aussi minutieuse que dans sa première saison dans la représentation des minorités. A défaut d’être d’une grande qualité cinématographique, la saison 2 de 13 Reasons Why change de la série d’ado classique et possède de nombreuses vertus pédagogiques. Et, disons-le clairement, si elle se regarde aussi bien malgré la faiblesse de sa qualité globale, c’est à cause de son suspense mordant !
On a aussi aimé : La B.O étonnante, le rôle important des parents et des profs (Kate Walsh, qui joue la mère d’Hannah, est sûrement la meilleure actrice de cette série – et de loin) , certains personnages qui évoluent beaucoup.
On a aussi détesté : La pauvreté du scénario, le « fantôme » de Hannah (qui est passablement inutile), le dernier épisode.
Quelques remarques si vous avez regardé la saison 2 :
- On est d’accords que les parents de Clay sont d’une inutilité et d’une stupidité sans nom ?
- La scène de la bagarre générale m’a fait hurler de rire, mais je ne sais même pas si c’était censé être drôle ou non.
- Le cliché des punks/emo/artistes incompris : check !
- Justin a en fait une tête de victime, qui l’eut cru?