Il n’y a pas que l’automne et l’hiver qui nous inspirent des idées de lecture et de cocooning, thé, plaid et chat qui ronronne à l’appui (vous avez dit cliché ?). Lorsqu’arrive la belle saison, on a tous des envies d’extérieur certes, mais l’évasion de quelques pages à feuilleter à l’ombre d’un parc reste, quant à elle, intacte ! C’est ce plaisir intemporel qui se voit à l’honneur aujourd’hui avec 1,2,3 romans à dévorer. Ils allient la légèreté à la poésie et le suspense à une réalité transcendée. De vrais petits bijoux en somme, mais que racontent-ils vraiment ? Retour sur ces livres pas comme les autres.
Journal d’un Vampire en Pyjama de Mathias Malzieu
Le résumé :
« Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Quand la réalité dépasse la (science-) fiction, cela donne des rencontres fantastiques, des déceptions intersidérales et des révélations éblouissantes. Une histoire d’amour aussi. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur. »
Mathias Malzieu signe avec son Journal d’un Vampire en Pyjama son 6ème ouvrage, en parallèle d’un album musical éponyme, comme il l’a souvent fait par le passé. Mais si celui-ci se démarque des précédents, c’est que la couleur est annoncée d’emblée : il s’agit d’une histoire vraie. La sienne en l’occurrence, racontant une maladie rare qu’est l’aplasie médullaire et son combat acharné pour la vaincre.
Le roman pourrait alors sembler plombant ou lacrymal : il n’en est rien. Mathias a peut-être usé du ressort autobiographique pour écrire mais il a surtout gardé son onirisme empreint de douce folie pour nous embarquer fissa dans l’aventure la plus barrée qui soit. Comprendre celle à laquelle on ne s’attendrait pas ! Le résultat est un témoignage empli d’histoires, dures parfois, touchantes souvent, et qui jamais ne se départissent d’un sens poétique évident.
Au-delà, Mathias Malzieu rend un véritable hommage au personnel soignant et à leur bienveillance. L’homme est malin : il ne tombe pas dans le pathos mais génère au contraire cette émotion à fleur de peau dont lui seul a le secret. C’est incroyablement efficace puisque l’on passe tout du long du rire aux larmes, évoluant dans une réalité presque sublimée. On le croit volontiers lorsqu’il affirme « Me faire sauver la vie est l’aventure la plus extraordinaire que j’aie jamais vécue. » Et tandis qu’on se souvient du Mathias rock-star, leader de Dionysos, qui chantait au début des années 2000 qu’il était un jedi, il semblerait qu’il en soit devenu un vrai. Le plus beau qui soit. Chapeau bas.
La Variante Chilienne de Pierre Raufast
Le résumé :
« Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.
Chaque caillou qu’il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l’été au fond d’une vallée, le rencontrent par hasard. Rapidement des liens d’amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l’adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L’histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d’un cimetière pour trafiquer. »
Après La Fractale des Raviolis, Pierre Raufast nous revient avec un second roman, plus abouti que le précédent : La Variante Chilienne. Qu’on se le tienne pour dit : les amoureux du concret n’accrocheront sans doute pas car ce livre magique est en réalité une mine d’or truffé d’anecdotes saugrenues et autres histoires à dormir debout. Pourtant, qui n’a pas rêvé qu’un vieux monsieur niché dans un lieu perdu au milieu de nulle part transmette ses souvenirs comme un gage de sa mémoire ? C’est le cas de Florin, bon vivant, aussi taciturne que rigolard, mais surtout heureuse victime d’un passé extraordinaire…
Cassant le récit d’origine du début à la fin en lui insérant des contes savoureux, tantôt graveleux, tantôt humoristiques mais toujours improbables, Pierre Raufast redouble d’imagination afin de livrer pêle-mêle des tranches de vie qui surprennent et font sourire allègrement. L’ensemble, volontairement peu réaliste, propose une originalité évidente tout en dépassant sans ciller les limites d’un quotidien banal. Provoc’ ? Oui, un peu. A la limite du polar même parfois. Mais on s’en réjouit à chaque instant d’autant plus qu’au bout du compte, la tendresse vient à gagner.
C’est l’atout-charme du roman : en regardant plus loin qu’une simple fantaisie résolument loufoque, on tombe sur un ouvrage délicat qui met à l’honneur l’Humain. Et parmi toutes ces existences abîmées et malmenées par la vie, il demeure l’espoir de poursuivre sa route et tisser des liens forts, à l’instar de cette belle amitié entre nos trois héros. Un état d’esprit bienvenu pour démarrer le printemps sur une note positive.
Le Livre des Baltimore de Joël Dicker
Le résumé :
« Jusqu’au jour du Drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l’auteur de La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d’une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans borne.
Huit ans après le Drame, c’est l’histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter, lorsqu’en février 2012 il quitte l’hiver new-yorkais pour la chaleur tropicale de Boca Raton, en Floride, où il vient s’atteler à son prochain roman. Au gré des souvenirs de sa jeunesse, Marcus revient sur la vie et le destin des Goldman-de-Baltimore et la fascination qu’il éprouva jadis pour cette famille de l’Amérique huppée, entre les vacances à Miami, la maison de vacances dans les Hamptons et les frasques dans les écoles privées. Mais les années passent et le vernis des Baltimore s’effrite à mesure que le Drame se profile. Jusqu’au jour où tout bascule. Et cette question qui hante Marcus depuis? : qu’est-il vraiment arrivé aux Goldman-de-Baltimore ? »
Si l’on ne présente plus La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert et le succès qui a accompagné l’ouvrage, sa suite ne pas passe pas pour autant inaperçue. Et pour cause ! Au sein du Livre des Baltimore, le suspense se maintient sans mal et propose, pour notre plus grand plaisir, de raconter une histoire passionnante, bien loin des seconds romans du genre, souvent pauvres en inventivité. On se retrouve ainsi plongé dans des rebondissements jouissifs qui fleurent bon les secrets de famille et les zones de noirceur que l’on se fera un plaisir de découvrir au fil des pages… L’ensemble est bien ficelé et joue sur la corde sensible pour mieux nous tenir en haleine. On aime d’emblée retrouver le personnage de Marcus et ses pérégrinations haletantes dans un contexte tout autre. Et ce n’est certainement pas l’aspect dramatique qui nous rebutera car ce dernier est un facteur d’émotions vives et d’intensité.
Au final, la jeunesse de Marcus se découvre avec un voyeurisme gentil car le lecteur se prend au jeu. C’est qu’il y a de quoi fantasmer sur cette famille compliquée qui ne se livre pas si facilement ! L’histoire, sous une apparence de simple polar, est en réalité très étoffée et creuse en profondeur pour nous étonner toujours davantage ; jusqu’à cette fin sublime qui exacerbe les sentiments et incite à la stupéfaction.
Il en résulte un succès médiatique certes, mais surtout un petit bijou qui oscille entre énigme et cruauté. Une suite tout à fait correcte en somme, qui ne se renouvelle pas complètement mais prolonge le plaisir du premier roman avec un enthousiasme non feint. A conseiller.
Ces quelques idées esquissées vous donneront peut-être des inspirations. Et vous, quel sera votre livre « coup de cœur » en ce printemps 2016 ?