Au début des années 2000, Diam’s n’est pas d’humeur à ce qu’on lui prenne la tête et demande qu’on la laisse kiffer la vibe avec ceux qu’elle aime. Certes, mais elle fait surtout la percée la plus importante pour une femme, jamais réitérée depuis, dans le hip-hop français. Si tu es né-e dans les années 80 et 90, il y a des grandes chances pour que tu aies déjà assisté au dialogue entre Diam’s et Vitaa dans « Confessions noctures » rejoué par deux de tes ami-e-s ou que tu aies toi même fait le-la rebelle sur « La boulette ». Ok, mais Diam’s c’est pas que ça pour moi. En 2004, un an après avoir explosé au yeux du grand public avec son titre pour club « DJ », elle était sur le plateau de l’émission On ne peut pas plaire à tout le monde pour interpréter « Marine ».
Marine, tu sais ce soir ça va mal
J’ai trop de choses sur le cœur donc il faudrait que l’on parle
Marine, si je m’adresse à toi ce soir
C’est que t’y es pour quelque chose : t’as tout fait pour qu’ça foire
Marine, dans le pays de Marianne
Y’a l’amour, y’a la guerre mais aussi le mariage
Marine, pourquoi tu perpétues les traditions ?
Sais-tu qu’on s’ra des millions à payer l’addition
Si depuis l’essor du rap en France, dans les années 90, les phases contestataires à l’égard du Front National constituent l’ADN d’une partie des artistes du mouvement, « Marine » est pour moi la chanson la plus efficace et, tristement intemporelle, face aux idées de l’extrême droite française. Ce titre présent sur l’album Dans ma bulle (paru en 2006) aux côtés d’autres morceaux comme « Ma France à moi » ou « Petite banlieusarde » a inscrit le propos de l’artiste de façon durable face aux incompréhensions d’une frange de la population vis à vis des minorités, banlieusard-e-s, des racisé-e-s, des pauvres, des jeunes et j’en oublie. Dans « Marine », Diam’s parle directement à la figure de proue du FN mais à travers elle à « cette France profonde, celle qui nous fout la honte et aimerait que l’on plonge ». Ainsi, comme elle le dit à la fin du morceau : « plus je proteste et moins nous payons les frais ». C’était il y a plus de 10 ans et pourtant la flamme du FN est toujours loin d’être éteinte. Une piqure de rappel ne fait jamais de mal :
« Ce que j’ai pu réaliser c’est que ces derniers temps, et encore plus maintenant parce qu’on est en plein dedans […] c’est que ces gens font beaucoup beaucoup beaucoup de mal à ma France à moi »