Non, le mouvement « Body positive » n’est pas incompatible avec la prévention.
Depuis des années, et c’est heureux, le mouvement « Body positive » prend de l’ampleur.
Ce mouvement est imparfait, en particulier quand il exclue les individus considérés comme « pas assez en chair », mais dans l’ensemble, il permet d’insuffler un vent de « décomplexions » et une plus grande tolérance dans la diversité des corps.
C’est salutaire, indispensable, et diablement efficace.
En effet, depuis quelques années, la presse féminine et certaines marques de cosmétique ou d’habillement n’hésitent plus à mettre en avant des femmes aux corps plus ronds, moins stéréotypés, plus naturels. C’est parfois (souvent même) du marketing, mais ça accroît cette visibilité là.
Car oui, cette vision plus positive du corps passe aussi par une plus grande acceptation de ce qui est généralement considéré, à mauvais titre, comme des défauts. Que ça soit des vergetures, de la cellulite, du vitiligo, des poils apparents, un handicap, une cicatrice, etc.
Tout ceci permet de gagner peu à peu des points d’acceptations dans la société, en particulier chez les jeunes, et c’est indispensable.
Oui mais.
Parfois ce mouvement s’accompagne d’une négation du problème « pathologique » lié au surpoids ou à l’obésité. Et ceci peut être un problème.
Considérer qu’un corps « gros » est tout aussi beau qu’on corps mince ou maigre est indispensable. Considérer qu’un corps « gros » ou « maigre » n’est jamais un sur-risque, n’est pas un bon calcul.
Nier le problème
C’est en effet un discours qui revient souvent, comme quoi l’obésité ou ma maigreur n’est pas synonyme de mauvaise santé ou de pathologie. C’est hélas parfois faux. Les études scientifiques, dans leurs ensembles, le prouvent.
Les pathologies liées à la maigreur extrême ou à l’obésité ne sont pas les mêmes, mais dans les deux cas, elles existent, et les nier n’est pas toujours une bonne idée.
Une personne en surpoids développe des risques accrus de maladies cardiaques, de diabète, et perd globalement quelques années d’espérance de vie, pour ces raisons. On considère ainsi qu’une personne en surpoids perd un an d’espérance de vie, trois ans pour les personnes obèses, et 10 ans pour les personnes atteintes d’obésité sévère.
Ce sont des moyennes, donc oui, nécessairement certaines personnes ne seront pas concernées. En particulier celles qui continuent à faire de l’exercice physique, qui s’alimentent correctement, évitent la viande, et ont un bon métabolisme. Eux, ne perdront pas d’années de vie, et en gagneront peut-être même, en comparaison avec des individus avec un poids considéré comme « moyen ».
Mais face à ces individus, ceux pour qui l’alimentation saine est une difficulté, ou qui ne parviennent pas à se maintenir en forme physique, seront impactés très fortement sur leur santé.
Tout ça pour dire qu’il est important de se méfier de ces discours qui opposent surpoids et prise en charge ou prévention médicale. On peut très bien être dans une démarche de la valorisation des corps dans toutes leur diversité, et en même temps, accepter que toutes les difficultés de la vie qui induisent des sur-risques pathologiques, ne devraient pas induire de jugement négatif ou de dévalorisation de qui que ce soit.
Que ça soit un handicap, visible ou non, une addiction, ou un problème corporel lié à la prise ou la perte de poids, rien de tout cela ne doit hiérarchiser les individus.
Mais la prévention et la prise en compte des risques et sur-risques, elles, ne doivent pas être mises de côté. Surtout pour les plus jeunes, souvent très réceptifs à ces discours « anti-science » et « anti-médecins ».
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