Disney vient d’annoncer que son prochain long métrage, « Strange World », ne sortira pas dans les salles de cinéma en France. En cause ? Disney s’oppose à la chronologie des médias qui est imposée à tous les diffuseurs en France.
Face à cela, on se rend compte assez vite que les réactions du public vont plutôt dans le sens de Disney, considérant que cette « chronologie des médias » est archaïque et trop restrictive pour les français. Mais en creusant un peu, on se rend aussi compte que ces mêmes personnes n’ont absolument aucune idée du « pourquoi » de ces règles. Et pourtant, c’est une exception française qui permet de financer de nombreux films. On va donc essayer de vous expliquer ça avec quelques mots simples.
Quelle est la logique ?
La logique de la Chronologie des Médias est simple, et tient en deux principes fondateurs :
1) Protéger les salles de cinéma.
2) Obliger les diffuseurs à financer la création de nouveaux films.
Les salles
Le premier point est assez simple, en imposant quelques mois entre la sortie d’un film au cinéma, et sa mise à disposition sur les écrans de télévision, on accroît l’intérêt des cinémas, et on incite les gens à s’y rendre pour aller voir un film. Si vous ne voulez pas attendre longtemps avant de voir une nouvelle sortie, pas le choix, allez au cinéma.
Ça peut sembler brutal, mais si on veut garder un maillage de cinémas interessant sur tous le territoire, il faut en venir là. Plus de cinémas ça veut aussi dire « plus de place » pour des films avec moins de potentiels. En gros, si vous n’avez que quelques Multiplex, il y a de bonnes chances que vous n’y trouviez que des blockbusters américains, et uniquement quelques rares films français à fort potentiel. Avec « plus de salles », il y a plus de chance laissée aux plus petites productions, aux films d’auteur, aux films de genre, ou tout simplement aux films qui traitent de thématiques moins attractives pour le grand public.
Cette logique aide à la diversité des films en salles.
Le financement
On en vient au point le plus important, comment financer les films ?
Dans la plupart des pays du monde, la logique est on ne peut plus simple. Les producteurs et distributeurs de films misent sur des films qui vont rapporter de l’argent. Il y a une logique de rentabilité derrière chaque film. Un « petit film », ou un film sur un sujet difficile, qui risque de ne pas avoir un public important, a peu de chance d’être financé.
En France c’est différent. Le choix a été fait de financer un maximum de films. Autant des gros films que des petits films. Dans quel but ? La diversité de la production de films.
L’argent permet de faire vivre des thématiques moins rentables, des premiers films, des réalisateurs inconnus, des projets novateurs et incertains…
D’où vient cet argent ? Et quel rapport avec la chronologie des films ?
Une grande partie de l’argent, en tous cas celui qui fait la différence, provient des diffuseurs. Par exemple, Canal+. Mais aussi désormais Netflix, et la plupart des plates formes de diffusion, et les chaînes de diffusion.
Plus un diffuseur investi de l’argent dans la création de films en France, moins il a à attendre pour diffuser un film sur sa plate-forme.
Très concrètement aujourd’hui, Canal+ peut diffuser un film 6 mois après sa sortie en salle, parce qu’il est tenu de financer massivement le cinéma français. Netflix lui peut mettre à disposition les films 15 mois après leur sortie en salle, alors que Disney+ devra attendre 17 mois, en particulier parce que Netflix finance plus de productions locales que Disney+.
Voilà la logique ! Alors évidemment elle n’est pas si simple, il y a des exceptions, des règles plus précises, et aussi d’autres sources de financement qui entre en compte, comme par exemple les subventions locales. Mais toutes ces subventions ont un but et un sens, et une logique qui suit, de fait, la chronologie des médias.
Vous avez lu : C’est quoi la chronologie des médias ?
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