ActualitésIdées

De l’invention de la domestication au coronavirus

Posté par Beaumont 17 mars 2020

Plutarque le disait déjà il y a 2000 ans : manger de la viande nous rend malades. Sans doute, bien avant les coronavirus modernes, l’humanité avait déjà expérimenté les nombreuses maladies qui depuis la plus haute Antiquité se sont propagées au même rythme que l’élevage, la concentration des hommes et des bêtes dans les villes et la destruction des écosystèmes environnants. Rien de tel qu’un petit listing pour mettre en perspective la crise qui nous frappe actuellement…

– La grippe a été transmise à l’humain par le canard, vraisemblablement dès 2500 av. J.-C. lors de sa domestication.

– La variole proviendrait de la domestication du chameau.

– La rougeole serait issue d’un virus bovin au XIe siècle.

– La souche H5N1 de la grippe aviaire, entre 2004 et 2007, provient des oiseaux domestiques.

– La maladie de Creutzfeldt-Jakob dans les années 90 vient de la maladie de la « vache folle ».

– La bactérie Escherichia coli, qui provoque fièvre, insuffisance rénale et diarrhées sanglantes pour 90 000 Américains chaque année, provient des déjections du bétail stockées dans des fosses non étanches.

– Les coronavirus viennent des chauve-souris ou des pangolins.

Et si on arrêtait d’exploiter et de manger des animaux ?

– Ebola a pour origine la chauve-souris, non pas parce qu’on l’aurait mangée, mais parce qu’en déforestant et en détruisant son habitat, nous l’avons forcée à se rapprocher des habitations humaines.

– La maladie de Lyme est une des nombreuses maladies transmises par la tique, après que la déforestation a fait disparaître ses principaux prédateurs, comme l’opossum.

Vous n’avez pas assez de déforestation ?

– L’expansion coloniale et la construction de villes et de voies ferrées au Congo en lieu et place des forêts ont occasionné la transmission du lentivirus du macaque à l’homme, ce qui a donné le VIH.

– La déforestation d’une partie du Bengale par les Britanniques pour faire de la riziculture a fait prospéré une bactérie aquatique responsable de 7 pandémies dévastatrices : le choléra.

– Les maladies transmises par les moustiques sont elles aussi dues à la déforestation.

Et si on arrêtait de déforester ?

– Mais pourquoi on déforeste déjà ? Pour faire de la riziculture parfois, c’est vrai ; de la culture à échelle industrielle surtout, qui ne se soucie ni de la santé humaine, ni des écosystèmes indispensables à la survie de milliers d’espèces, mais qui n’obéit qu’aux préoccupations du colonisateur, de l’oppresseur, du capitaliste.

– Et puis quoi d’autre ? Ah oui, souvent on déforeste aussi pour faire des pâturages afin d’élever les animaux que l’on mange. Dans tous les cas : c’est pour conquérir, exploiter, faire du profit, satisfaire les appétits voraces des puissants.

– Et pourtant, une autre agriculture est possible, qui ne ferait pas souffrir d’animaux, qui ne détruirait pas la biodiversité, et qui n’exposerait pas l’humanité aux maladies les plus meurtrières…

– Et si, sous la menace du COVID-19, au lieu de se ruer en panique sur les rayons des supermarchés de peur de manquer de lait, on profitait de quelques heures de confinement pour se mettre à réfléchir à nos modes de vie, et à la violence de tout notre système économique, de nos méthodes de productions, de nos habitudes de consommation.

– Et si, par exemple, on arrêtait de détruire les écosystèmes naturels des animaux sauvages ?

Et si on arrêtait d’élever, d’exploiter et de manger des animaux ?

Les animaux ne s’en porteraient que mieux… et nous aussi !

Sources :

– James C. Scott, Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États, La Découverte, 2019.

– Sonia Shah, « Contre les pandémies, l’écologie », Le Monde diplomatique, Mars 2020.

Laisser un commentaire

À lire