Chez Berthine, nos journées sont peuplées de questions existentielles. « Pourquoi est-ce que je me prends toujours les pieds dans la même marche ? », « Pourquoi est-ce que le mot « phonétique » ne s’écrit pas comme il se prononce ? », « Pourquoi est-ce que je choisis toujours la file la plus lente au supermarché ? » et autres questionnements essentiels jalonnent notre quotidien. Aujourd’hui, m’étant malencontreusement assise sur la seule partie humide d’un banc et mouillant par la même occasion un short que j’étais destinée à porter toute la journée, une question s’est soudainement imposée à moi : Mais, tiens, pourquoi est-ce que l’eau mouille ?
Tout d’abord, si l’eau s’accroche aux surfaces qu’elle touche, c’est dû à ce qu’on appelle la force intermoléculaire qui lie les molécules d’eau entre elles. Il s’agit d’un phénomène sur lequel je m’épancherai peu, à la fois par souci de ne pas ennuyer mon lectorat chéri et surtout par manque cruel de connaissances sur le sujet. Ce dont il faut se souvenir, c’est que cette force intermoléculaire assure la cohésion des molécules d’eau entre elles et avec les matériaux avec lesquels elles entrent en contact. Ce n’est pas un phénomène réservé à l’eau, loin de là, mais la cohésion des molécules H20 est particulièrement forte !
Ensuite, un deuxième point important, c’est que la « mouillabilité » diffère d’un matériau à un autre. Lorsqu’une goutte d’eau vient s’écraser contre un matériau, elle forme avec la surface solide ce qu’on appelle un angle de contact. Plus cet angle est étroit, plus la goutte s’est étalée sur le matériau, et donc plus la mouillabilité de ce dernier est élevée ! Si une surface est totalement mouillée, alors l’angle formé entre le matériau et la goutte sera donc de 0°.
L’angle Θ formé entre la goutte et le matériau détermine la « mouillabilité » de la surface.
Ainsi, toutes les surfaces ne mouillent pas de la même manière ; là où une chemise en lin sera trempée par une grosse averse, un ciré résistera bien à l’attaque des gouttes. Cela est dû à l’ajout d’une matière dite hydrophobe sur le vêtement, qui repousse tellement l’eau que l’angle de contact formé entre la goutte et le matériau est très large, presque à 180 degrés ! C’est ce phénomène que l’on appelle plus couramment… l’imperméabilité. Mais nul besoin d’aller chercher seulement du côté des cirés jaunes : il suffit de regarder les gouttes glisser sur les plumes d’un canard pour comprendre que l’hydrophobie de certains matériaux est tout à fait naturelle.
Dans le domaine de la mouillabilité, les canards ont plus de chance que les chemises en lin.
Pour résumer : l’eau mouille parce que ses molécules s’accrochent facilement aux matériaux avec lesquels elles entrent en contact ; mais elle ne mouille pas de la même façon selon la surface touchée.
Mais au-delà de l’aspect purement scientifique de cette question pas si triviale que ça, se cache une considération plus vaste : c’est quoi, au final, être mouillé.e ?
Laissez-moi vous poser un problème concret : il fait 30 degrés, vous avez chaud. Par chance, vous avez l’occasion de faire trempette dans une piscine ! Alors, sans plus attendre, vous rentrez dans l’eau et vous vous immergez totalement – tête comprise – pour vous rafraîchir. Pendant ces quelques secondes de pur Paradis, une question demeure : êtes-vous mouillé.e ? Instinctivement, on aurait tendance à répondre que oui, bien évidemment que je suis mouillé.e, car je suis dans l’eau!
Cependant, physiquement parlant, la sensation d’être mouillé.e vient de ce que l’eau refroidit sur notre peau au cours du processus d’évaporation ; donc vous ne pouvez être mouillé.e que s’il y a un contact avec l’atmosphère. Mais il est impossible de nier qu’une personne dans l’eau est mouillée…..si ?
Poussons le raisonnement jusqu’au bout : une personne prenant une douche serait donc mouillée, car le contact avec l’eau n’est pas continu mais se fait par petits jets ; au contraire, lorsque vous prenez un bain, vous n’êtes pas mouillé.e, juste… dans l’eau. Quel paradoxe passionnant.
Décidément, un simple short humide peut mener à bien des considérations !