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Expo BD : « Le premier qui court, c’est tout le monde dehors! »

Posté par Ju le Zébu 14 octobre 2018

Vendredi dernier, se tenait à Poitiers dans la chapelle Saint Louis le dernier jour de l’exposition « C’est arrivé demain : la BD de science fiction envahit Poitiers ». Elle avait commencé le 7 juillet. Il s’agissait du deuxième volet d’un événement débuté en 2017.

L’installation a de quoi surprendre : une sorte de vaisseau en forme de U semble avoir atterri au cœur de la chapelle. Contraste déroutant sous les statuts de la Vierge ou de Jésus-Christ !

Je me suis rendue à cette exposition accompagnée de mon copain, plutôt calé en BD. Alors que nous bavardons et nous rendons à l’une des extrémités de ce drôle d’engin, on nous corrige rapidement pour nous diriger vers la « vraie » entrée de l’expo (à mon humble avis, prendre une exposition à contre-courant est intéressant également). Nous arrivons donc dans un premier sas dans lequel est mis en scène le travail de Marion Montaigne autour de Dans la combi de Thomas Pesquet. Les murs sont recouverts de boutons, circuits et quantité d’objets métalliques qui font plus échos un imaginaire romantique qu’à une véritable machine spatiale mais cela ne manque pas de charme. Nous commençons à peine à lire les panneaux explicatifs que la bonne âme qui nous a redirigé dans le bon sens fait irruption et tient à nous présenter tous les dispositifs mis en place(qui ne sont pas sorcier à saisir). Attention de ne pas avoir la tête qui tourne trop lorsque Thomas Pesquet (dans l’une de ses vidéos) nous fait visiter la station spatiale internationale !

Nous poursuivons la visite et découvrons le travail de l’artiste plasticienne Marion Tampon-Lajariette, qui a réalisé pour l’occasion des peinture-vidéo et les compositions musicales de Grégoire Lorieux. Au sas suivant nous sommes de nouveau interpellés au milieu d’une conversation par l’hôtesse de l’exposition. Finalement, nous (ou moi surtout) découvrons l’œuvre de Denis Bajram, Mathieu Bablet et Beb-deum. Assez peu, voire pas du tout de planches originales pour cette édition-ci de « C’est arrivé demain » mais plutôt un travail d’incorporation de leurs univers respectifs dans les installations, notamment deux de réalité augmentée.

Lorsque nous réintégrons l’univers de la Chapelle, nous nous dirigeons vers la bibliothèque mise à disposition. Pendant ce temps, un groupe d’enfants, peut-être âgés de 8 à 12ans fait irruption. Une petite bande d’astéroïdes joyeux ! Mais l’hôtesse ne le voit pas du même œil et tout de suite, c’est une ribambelle de mises en garde et de remontrances qui résonne. Ne pas courir, ne pas toucher, ne pas crier, ne pas, ne pas… « Le premier qui court, c’est tout le monde dehors ! ». Ah oui, avais-je oublié de le spécifier ? Ce ne sont pas de blancs petits bourgeois du centre-ville qui se précipitent ainsi à l’attaque du vaisseau mais des gamins noirs ou d’origine arabe, probablement résidents des quartiers comme les Couronneries, les trois cités ou Beaulieu… En fait peu importe. Soudain, la dame qui n’a cessé de vouloir tout nous expliquer alors que nous ne le souhaitions pas, ne semble plus du tout vouloir présenter aux nouveaux venus l’objet de sa surveillance. Et tout cela parce qu’elle les considère comme dangereux pour les lieux. Peut-être des vandales en herbe ! Elle semble assez inquiète du confort de visite des quelques autres adultes présents sur les lieux. A aucun moment, elle ne va chercher à expliquer aux gamins qui sont les artistes qui exposent, quel est l’intérêt de cette installation… Elle ne fera que de jouer aux gendarmes. A une petite qui a dépassé la ligne pour jouer à la Kinect, elle dit sèchement de reculer (sans expliquer pourquoi).

Il n’y a pas à dire, la culture est accessible à tou.te.s et dans les meilleures conditions.

Il me semble tout à fait regrettable qu’une exposition réussie et ludique par la forme, ne soit un terrain de jeu que pour certains d’entre-nous mais surtout pas pour des enfants qui ont le courage de venir jusque dans cette chapelle située en centre-ville, en dehors d’une visite scolaire.

Cela me semble d’autant plus dommage dans une ville comme Poitiers qui prône une bonne cohésion des différents quartiers qui composent la ville, où on aime à parler de cohésion sociale.

« Grand Poitiers a décidé d’élaborer le Contrat de ville de Grand Poitiers 2015-2020, véritable projet social de territoire par quartier, et de miser sur le potentiel humain pour poursuivre son  développement et construire un territoire apprenant et innovant, accueillant et solidaire, dynamique et ouvert. »

En 2018, il reste encore un peu de travail.

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