Swan revient de nouveau nous expliquer plein de super trucs !
Me voici de retour pour vous plonger dans les mystères de l’industrie musicale, cette fois pour m’intéresser aux vidéos qui passent en boucle à la télé et qui cumulent le plus de vues sur Youtube : les clips.
Avant de commencer, je vous suggère d’aller regarder ce clip que j’ai réalisé pour un de mes morceaux, intitulé Finn & Jake Style , et qui sera l’exemple utilisé tout au long de l’article.
Pour faire un clip, il faut un morceau (beh oui). Nous n’aborderons pas ici la production d’un titre, mais si le sujet vous intéresse, je vous propose de lire cet article où j’explique ce processus en détail. Une fois qu’on a le morceau, la réalisation du clip se décompose en deux grandes parties, la préparation et la production (pas financière, attention).
LA PRÉPARATION :
On commence par conceptualiser le clip, on se pose des questions comme “quelle ambiance pour le clip?” , “live-action ou animation?” , “quels effets spéciaux, fond vert, et autres choses à faire en post-production ?”, et j’en passe… Bref, tout est pensé à l’avance, et souvent on pense à beaucoup plus de choses que ce qui finit à l’écran. Des idées de plans, des idées au niveau technique pour réaliser un effet précis, tout doit être pensé. Ensuit vient la phase d’écriture, où l’on met en ordre les idées, et on monte le storyboard. Ce dernier, que les amateurices de cinéma connaissent sûrement, est un document qui répertorie tous les plans dans l’ordre, avec toutes les informations nécessaires pour les réaliser.
Pour la suite, on s’intéressera à la réalisation d’un clip qui utilise des images filmées (donc pas de films d’animation, ni 3D).
L’étape qui suit peut être faite en parallèle avec la première, ou bien après, peu importe. Il s’agit du repérage, l’étape où on va trouver les lieux où l’on va tourner des plans. Pour Finn & Jake Style, le repérage à été fait deux semaines à l’avance pour tous les plans en extérieur. L’idée à retenir est qu’on veut toujours savoir où l’on va tourner, et savoir si le lieu va convenir pour ce qu’on veut tourner dedans. Bien sûr, des fois ça n’est pas possible, ce pourquoi il peut être intéressant de faire le repérage pendant l’écriture pour adapter les idées à la réalité.
C’est également au cours de cette étape qu’on commence à réfléchir aux endroits où l’on va “construire” un set, c’est-à-dire installer des décors, des accessoires, et pas juste filmer l’endroit tel quel. Pour Finn & Jake Style, on a installé des sets pour les plans avec le look cassette (dans une chambre d’enfant), et les plans avec un fond noir (dans une salle de théâtre).
Enfin, il faut préparer le tournage en lui-même, et c’est à partir de là qu’une seule personne ne peut plus s’occuper de tout. En effet, il faut commencer par le détail le plus important : le cadreur, qui va filmer tous les plans du clip (qui nécessitent d’être filmés bien sûr). On remerciera infiniment Théo Hollender, qui a accepté de m’accompagner dans ma folle aventure et qui a cadré presque tous les plans de Finn & Jake Style. Ensuite il faut recruter des acteurices et/ou figurant•e•s, selon les besoins du clip, éventuellement recruter des gens qui s’occuperont de la technique pour des plans complexes (changement de décor, et tout un tas de choses qui nécessitent du personnel), et enfin s’occuper d’organiser les dates de tournage en fonction des disponibilités de tout le monde.
Quand tout le monde est arrivé•e à la première date (avec un inévitable retard d’au moins un quart d’heure), il est temps de lancer la caméra et de commencer à filmer.
LA PRODUCTION :
Il faut savoir une chose, qui s’étend à bien des domaines : le premier rush sera toujours raté. Donc on tourne tous les plans (souvent dans le désordre par rapport à l’ordre d’apparition à l’écran) plusieurs fois, jusqu’à ce qu’on soit content du résultat. On passe les fichiers de la caméra à l’ordi, on prend quelques photos débiles pour les bons souvenirs, et on passe à la date de tournage suivante. Quand on y pense, le tournage à proprement parler n’est pas si compliqué que ça, on tourne ce qu’on a à tourner, pour peu que tout soit pensé à l’avance bien sûr — il n’y a rien de plus inefficace que de créer tout le clip sur place en même temps que le tournage. Ça ne veut pas pour autant dire qu’on ne peut pas avoir des idées sur le tournage et improviser, puis garder le résultat dans le montage final, mais la majorité du clip doit être pensée à l’avance.
Un tournage prend cependant beaucoup de temps. Il faut savoir que tous les plans ont eu besoin d’un certain temps pour être mis en place, que beaucoup de choses sont tournées plusieurs fois, et que beaucoup de plans on été tournés sans pour autant finir au montage final. Pour résumer, je dirais que c’est l’étape la moins compliquée à expliquer, mais la plus importante et facile à foirer.
Une fois que des heures de rush pesant plusieurs dizaines de gigas sont sur l’ordinateur, il est temps d’attaquer la post-production. Dans mon expérience, je n’en ai vu que deux aspects : le montage , et les effets visuels .
Le montage
Voilà une étape qui prend elle aussi beaucoup de temps. Il s’agit d’ordonner tous les plans, de sélectionner toutes les bonnes prises, de découper les extraits que l’on veut garder de ces prises, et structurer le tout en suivant le storyboard. Si le tournage est l’étape où l’on taille les pierres, le montage est l’étape où l’on construit la cathédrale. Pour le cas d’un clip, il faudra aussi faire du lip-sync, étape où l’on synchronise le mouvement des lèvres avec le texte de la musique (qui donne donc l’impression que le ou la chanteur•se nous chante à la figure, alors que l’enregistrement de la voix est TOUJOURS fait bien avant le tournage).
Au cours de cette étape, on peut bien sûr faire quelques choix artistiques de dernière minute, accélérer le rythme de certains passages ou bien le ralentir, ajouter ou retirer une transition, une image ou un texte, et on re-réfléchit aux effets visuels qu’on va ajouter en post, avec cette fois le réel support et pas des gribouillis sur un storyboard.
La post-production
Une fois le montage fini, on se retrouve avec plein de petits extraits, qu’on appelle des clips (qui n’ont bien sûr rien à voir avec “le clip”, mais font référence à un fragment de vidéo), sur lesquels il va falloir appliquer tous les effets visuels prévus. Pour donner des exemples concrets basés sur Finn & Jake Style : les dessins qui se dessinent sur l’écran, les incrustations d’images d’Adventure Time, et d’autres choses ajoutées aux images filmées. C’est aussi à cette étape que l’on peut rectifier le tremblement maladif du cadreur, grâce à la stabilisation de caméra que la plupart des logiciels de montage proposent.
Enfin vient l’étape qui transformera votre film étudiant en film pro : l’étalonnage. Il s’agit ici de mettre au même niveau la luminosité et la saturation de tous les plans. Il faut que l’ensemble soit le moins irrégulier possible. Les couleurs sont aussi atténuées, car on va par la suite appliquer un effet de correction de couleurs sur tout le clip. Pour Finn & Jake Style, les couleurs basses (les endroits les plus sombres) ont été teintés légèrement en bleu, et les couleurs hautes (les zones claires) légèrement en jaune. Cette étape à pour effet de donner au clip entier une unité au niveau des couleurs, et de lui donner une personnalité.
Voilà, le clip est fini ! Il est prêt à être posté sur Youtube !
Pour résumer, les étapes à suivre sont les suivantes : penser le clip, écrire un story board, engager un cadreur ou une cadreuse, des acteurs et des actrices, et tout le personnel nécessaire, organiser le tournage, faire le tournage, découper et monter le clip, appliquer les effets visuels, et enfin étalonner. Facile, non?
Réaliser un clip était un rêve depuis longtemps, et ça a été une expérience intense et incroyable pour moi. Je conseille à n’importe quel musicien de se lancer dans cette aventure, le sentiment de satisfaction est indescriptible.