J’aime les orties. C’est ainsi que tout a commencé.
Quatrième de couverture de Foulée (s) au pied de la lettre
Il y a peu, un ami m’a fait la délicieuse surprise d’un cadeau. Voilà qui est toujours très agréable mais en plus de cela, son choix m’a particulièrement touché puisqu’il mêle poésie, herbier artistique et différents types de papier. Il s’agit du livret d’artiste Foulée (s) au pied de la lettre, de Catherine Bricard et Anne-Marie Pietri, paru en mars dernier aux Éditions de La Nage de l’Ourse (que je vous présenterai un peu plus loin). Catherine Bricart est peintre et Anne-Marie Pietri est poète et psychomotricienne. Ensemble, elles ont composé « un délicat jeu de superposition, de transparence et de correspondances » ( Foulée (s) au pied de la lettre) nourri et inspiré par les plantes que nous foulons bien souvent du pied, ces « mauvaises herbes » ou ces « herbes folles ».
C’est un splendide petit objet qui parle autant aux mains qu’aux yeux. Ma première impression est tactile. La couverture, évidemment un peu plus épaisse, est d’un papier bouffant à 90g. D’aspect un peu cartonné, il râpe à peine le doigt qui l’effleure. Sur la couverture, dans un petit cadre, s’épanouissent quelques feuilles (peut-être de vigne vierge). Le tout est gaufré (en relief), comme si la plante voulait vagabonder à l’extérieur du livre. Et en l’ouvrant (enfin), on remarque que les pages illustrées sont plus fines et laissent percevoir en transparence le texte qui s’épanouit sur la page de derrière. C’est un bonheur de bibliophile.
Enfin, faisons place au regard (qui depuis le début se régale aussi). L’encre choisie pour la typographie est d’un bleu foncé, moins dure qu’un noir sur le papier. Elle est assortie aux premières peintures qui sont également dans des tons de bleu et dessinent les contours, les impressions de multiples plantes. Dans ce bleu, on pourrait presque croire regarder les négatifs de planches photographiques.
Cette expérience de lecture, visuelle et textuelle, me laisse l’impression d’avoir caracoler sur les chemins sous un soleil de juin, les yeux fixés sur les petits pierres foulées du pied à la recherche de ces petites forces de la nature qui s’accrochent aux sols les plus secs et peuplent les rebords herbeux. Une sensation d’air frais et de pétillement.
Pour les Poitevin·e·s, le livre est en plus imprimé et assemblé localement, entre les Deux-Sèvres (79) et la Charente-Maritime (17), où sont d’ailleurs basées les éditions de La Nage de l’Ourse (à Surgères précisément). C’est une jeune maison d’édition, créée en 2017, consciente et engagée.
Son nom évoque le mouvement, le lien avec la nature et les transformations à l’œuvre dans le monde vivant. La nage de l’ourse exprime le projet éditorial. Un projet en mouvement, en lien avec le monde et les autres êtres, sous-tendu par une vision qui se veut non anthropocentrée, consciente de la place de l’être humain dans la biodiversité.
Les éditions de La Nage de l’Ourse
Le nom « La nage de l’ourse » fait référence à une ourse polaire, munie d’une balise, qui a dû parcourir près de 700km pour rejoindre la banquise. L’ours polaire est l’un des symboles bien connus des catastrophes produites par le réchauffement climatique. La Maison d’édition, en précisant « La Nage » s’inscrit du côté de la lutte et du mouvement.
Pour découvrir les autres ouvrages édités par les éditions de La Nage de l’Ourse, rendez-vous par-ici : https://lanagedelourse.fr/central/realisations/
Et si vous êtes tenté·e·s de lire Foulée (s) au pied de la lettre, le livre se commande dans votre librairie indépendante ou sur le site des Librairies Indépendantes de Nouvelle Aquitaine ou bien directement à l’éditeur.
Pour ma part, je remercie encore chaudement Léo qui m’a fait ce superbe cadeau !