[ ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS ]
Il est 3 heures du matin, heure française, ce lundi 22 avril, et les plus grand.e.s fans de Game of Thrones se sont collectivement rassemblé.e.s, chacun.e derrière son écran, pour 55 minutes de plaisir. Quelle que soit la qualité de l’épisode, les fans de Game of Thrones le savent : la sensation de découvrir un nouvel épisode vaut tout l’or du monde. Comme beaucoup, je me suis donc replongée dans cet univers qui m’est si cher, après des mois passés à relire les romans, revoir la série, et écumer les théories les plus loufoques proposées par l’Internet Mondial. Afin de transmettre mon amour pour cette saga, j’ai choisi de créer une modeste chronique hebdomadaire qui vous accompagnera tout au long de cette ultime saison. Bonne lecture !
Ca y est, la première vague d’impatience frémissante est passée et, une fois le premier épisode visionné de nombreuses fois, les personnages tout à fait réappropriés, il est temps d’entrer pleinement dans l’univers de Game of Thrones et de savourer le peu de contenu inédit qu’il nous reste.
Cette deuxième heure de l’ultime saison offre un contenu moins inégal que la première. Elle nous laisse profiter, pour ce qui est peut-être la dernière fois, de chaleureuses retrouvailles entre divers personnages et nous laisse le temps de nous goinfrer de toutes ces relations complexes qu’iels ont tissées entre elles et eux avant de potentiellement les briser à jamais.
L’élément le plus attendu de cet épisode était bien évidemment le procès de Jaime, qui a pris une place beaucoup plus modeste dans l’épisode que ce que j’avais imaginé, mais qui reste néanmoins palpitant. De nombreux jeux de pouvoir s’y jouent, de vieilles histoires ont ressurgi ( une bonne occasion de nous rappeler, au passage, qu’il n’y a pas moins de 9 ans, nous détestions tou.te.s Jaime aussi). Tous les personnages présents au procès n’ont pas eu l’occasion de suivre l’évolution fulgurante du personnage, comme nous, et ne se rappellent donc que de ses fautes. J’ai été très agréablement surprise par le changement d’avis de Sansa qui a osé revenir sur ses a priori par pure confiance en Brienne. Sansa Stark démontre, une fois de plus, qu’elle a toutes les qualités d’une bonne leader.
La scène entre Daenerys et Sansa suivant le procès m’a cependant laissée de marbre. Comme d’habitude, le jeu d’actrice d’Emilia Clarke m’a déçue : autant je la trouve crédible lorsqu’elle brûle ses adversaires et conquiert des villes, autant toutes les scènes où elle est censée exprimer une émotion autre que la colère ont une certaine tendance à m’agacer. Toujours est-il que je n’ai pas accroché à leur conversation, sauf évidemment aux dernières paroles qui laissent se profiler à l’horizon une très grande scission à venir entre Stark et Targaryen.
Jon est, quant à lui, très effacé tout au long de l’épisode. Cela est évidemment du à sa récente découverte de sa véritable identité, et on ne peut que comprendre sa discrétion. Celle-ci a néanmoins été très bien utilisée pour souligner une fois de plus la grande solitude de Daenerys dans le Nord, qui se retrouve si seule qu’elle passe à deux doigts d’écarter Tyrion. Ouf ! Merci Jorah !
L’arrivée de Jaime (ou, comme j’aime l’appeler, « Jaime chéri » ) à Winterfell relance une nouvelle vague de retrouvailles très attendues : Jaime et Tyrion, Jaime et Brienne, ou encore Jaime et Bran. Les deux frères ont très vite retrouvé leur vieille camaraderie qui nous a permis de ré-apercevoir le Tyrion d’antan, avec son amour pour l’alcool et les longues conversations, mais les deux suivantes ont apporté bien plus de tensions.
La relation entre Jaime et Brienne est une chose délicate et difficile à définir. Bien que certain.e.s y voient quelque chose de romantique ( ce que je ne parviens pas à discerner, personnellement), j’y vois plutôt une solide relation qui s’est construite autour de la question centrale de la rédemption et de l’honneur. Jaime Lannister nous met face à des problématiques vieilles comme le monde : nos volontés justifient-elles nos actes ? Une action faite pour défendre autrui, ou son honneur, peut-elle être pardonnée ? Face à lui, Brienne est un bloc d’apparence inébranlable de loyauté et d’honneur, dont la valeur morale ne fait aucun doute (si peu, d’ailleurs, que Sansa a choisi de mettre de côté son ressenti pour se fier entièrement au sien ! ) . Lorsque leurs deux chemins se sont rencontrés, cette opposition quasi-philosophique leur a permis à chacun.e de se défaire de leurs idées préconçues ou de leur armure (métaphorique) et de s’ouvrir à ce que l’autre a pu leur apporter. Ainsi, Jaime a appris l’humilité et le sens de la loyauté de Brienne, et Brienne a appris le pardon et la mesure de Jaime. L’union de ces deux opposés face à l’ennemi commun a tout pour plaire aux spectateurs et spectatrices et m’a beaucoup émue également. Mention particulière pour la scène où Jaime propose à Brienne de se battre sous ses ordres, une scène discrète et qui, plus encore que celle de l’adoubement, renverse les clichés de genre pour les remplacer par une simple marque de respect mutuel.
Avouons-le, les retrouvailles entre Bran (enfin, qui n’est plus vraiment Brandon Stark, à vrai dire) et Jaime sont bien moins émouvantes ! Cependant, leurs brefs échanges nous permettent de prendre conscience du rôle probablement central que Jaime aura à jouer dans les combats à venir (même si la parole cryptique de Bran ne semble pas présager une fin heureuse pour Jaime chéri), et soulignent une fois de plus que Bran n’est plus celui qu’il était auparavant. Les émotions telles que la colère ou la rancune lui sont désormais étrangères, et seul son face-à-face avec le Roi de la Nuit lui importe désormais. A ce propos, Bran viendra confirmer quelques scènes plus tard, lors du conseil militaire, ce que tou.te.s les fans soupçonnaient depuis déjà longtemps : il est la cible principale du Roi de la Nuit. Cela ne confirme, ni n’infirme, la théorie que j’exposais ici sur la véritable identité du Roi de la Nuit, mais permet au moins de mieux cerner les motivations de ce dernier. Le fait que Bran soit marqué le met à part de tous ses prédécesseurs et fait de lui un élément clé, on ne cessera de le répéter, dans les épisodes à venir.
Toutes les scènes impliquant Arya dans cet épisode me laissent tout à fait dubitative. Premièrement, elle est quasi entièrement absente de tous les grands événements qui se jouent dans l’épisode. J’aurais aimé voir sa réaction face au retour de Jaime, à la décision de Sansa, ou encore face à la grande froideur de Jon (#JeuDeMots). Depuis un certain temps, Arya a eu le don de transformer chacune de ses conversations en concours de « qui a la plus grosse ». Et que je tire mieux à l’arc que toi, et que je manie mieux une épée que toi, et que je sais lancer des couteaux en prononçant des phrases trop mystiques pour paraître naturelles… Tout ceci la rend relativement antipathique (notamment dans son échange avec Sandor qui essaye pourtant de tendre la main vers elle), et son premier échange avec Gendry ne déroge pas à la règle. J’ai personnellement été très déçue par la manière avec laquelle elle le traite tout au long de l’épisode (même pas un petit merci pour sa nouvelle arme !). Mais cette manière de présenter leur relation, cumulée à la séquence « Gendry martèle du fer entouré de fumée et en petit débardeur sous le regard affamé d’Arya » avait visiblement pour objectif de faire monter la tension sexuelle entre les deux personnages et de les mener à une conclusion qui se voulait logique. Je suis tout à fait mitigée quant à ladite conclusion. Au premier abord, j’ai voulu détourner le regard tant cette scène de sexe m’a mise mal à l’aise et j’ai cru (ou espéré) jusqu’au bout qu’un.e des deux allait y mettre un « stop ». D’autre part, je pense qu’il s’agissait d’une manière détournée pour les producteurs de nous forcer à laisser de côté le statut « enfantin » d’Arya pour marquer son évolution émotionnelle et physique et de rendre plus vulnérable qu’elle n’ait jamais été. Le choix de dé-mystifier ainsi la perte de sa virginité est plutôt audacieux et m’a bien plus, même si j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la logique la menant à cette décision.
En fait cet épisode entier est relativement frustrant car son scénario est en équilibre entre des scènes trop longues et un développement scénaristique qui tire sur la corde du premier épisode et des raccourcis énormes notamment en ce qui concerne la relation entre des personnages qu’on aurait aimé voir se développer plus profusément. Il s’agit d’un choix d’autant plus frustrant qu’il ne nous reste plus que 4 épisodes à savourer, et que donc de nombreuses interactions potentiellement passionnantes n’auront probablement jamais lieu. La saga cherche à clore nettement les boucles qu’elle avait ouvertes (Jaime poussant Bran à travers la fenêtre par exemple) afin de permettre à ses personnages de se recentrer sur la menace à venir. En cherchant à tout prix à plaire à leurs fans, les scénaristes de Game of Thrones semblent avoir perdu de vue la complexité initiale de leur création, et de nombreuses subtilités partent ainsi à la trappe au profit de blagues redondantes ( certes toujours drôles, coucou Tormund) et de conversations trop rigides. Mais le temps de la discussion est révolu, car les Morts sont à notre porte et viendront y frapper dès la semaine prochaine !
Pensées orphelines
- Les déplacement de Bran sont toujours aussi illogiques et inexpliqués que précédemment.
- Daenerys a fait le choix de ne pas évoquer sa dernière rencontre avec Jaime, qui avait tout de même essayé de la transpercer avec une lance avant d’éviter de très peu le feu brûlant de Drogon. Il s’agit d’un énième choix pour économiser du temps à l’écran mais cela est dissonant avec le caractère habituel de notre Khaleesi !
- En retrouvant brièvement l’ancien Tyrion qui nous plaisait tant, on se rend compte d’à quel point il a changé – et perdu en saveur – en quelques saisons. Lors de son bref échange devant la cheminée avec Jaime, j’ai eu comme l’impression qu’il insinuait avoir des sentiments pour Daenerys. Et le regard insistant de Jaime ne fait que confirmer la probabilité – inquiétante – de cette hypothèse !
- J’ai eu un énorme coup de cœur pour Theon Greyjoy dans cet épisode (voilà une phrase que je ne pensais pas écrire un jour). Sa relation fusionnelle avec Sansa témoigne de l’horreur qu’il a vécue et la scène où on les voit partager un repas le soir avant le combat m’a beaucoup émue ! Malheureusement son avenir est plus qu’incertain et à mon humble avis il lui reste peu de temps à vivre.
- Davos et Gilly sont trop bons pour ce monde. Honnêtement, s’il existe des « vrais gentils » dans cette série, c’est bien eux et Samwell.
- Ce « conseil militaire » ne fait aucun sens. Ils et elles se quittent sans se mettre d’accord sur de nombreux points cruciaux ( où seront les dragons ? Quelle est la stratégie de repli ? Comment protéger la crypte ?) et absolument aucune stratégie relativement intelligente n’est proposée. L’idée qu’un immense dragon de glace s’approche d’eux ne semble pas les inquiéter plus que cela non plus…
- Un grand merci aux producteurs de Game of Thrones qui nous ont accordé 5 minutes de Ghost complètement immobile en second plan. Un choix insipide mais qui a pour objectif de nous rappeler l’existence de ce pauvre loup avant le combat à venir dans lequel il sera probablement important !
- Jon Snow ne sait décidément rien, et encore moins choisir le bon moment pour annoncer à sa compagne qu’il est en fait 1- Son neveu et 2- Le véritable héritier du Trône de Fer. Par défaut, il choisit de le faire quelques secondes avant une guerre opposant les morts aux vivants.
- A voir, à revoir, et à re-revoir : Tormund qui installe un grand malaise puis Podrick qui nous append qu’en plus de talents insoupçonnés au lit il possède une très belle voix.
Le coin des théories
- Malheureusement, avec la guerre à venir, tous les personnages ne survivront point. Je parierais sur la mort prochaine de Theon Greyjoy, Brienne, Missandei et/ou Ver Gris (impossible dans Game of Thrones d’avoir une scène aussi romantique sans qu’il y ait une conclusion tragique), Jorah Mormont, et Davos Seaworth. La petite fille marquée au visage envoyée dans les cryptes sera probablement une autre victime ( cette série m’a appris à me méfier des personnages anonymes attachants apparaissant de nulle part- ils ont une grande tendance à disparaître), ainsi que Lyanna Mormont.
- Les cryptes des Stark ont un rôle très important à jouer dans le dénouement de ce combat. Lorsque Bran n’était qu’un petit garçon et que, coincé au lit à Winterfell sous les yeux de sa nourrice, il faisait déjà des rêves étranges, la corneille à trois yeux apparaissant dans ses songes la menait quasi systématiquement à l’entrée de la crypte. Une grande partie de sa destinée se trouve donc dans ces couloirs lugubres, et je pense qu’il arrivera en face à face avec le Roi de la Nuit en ce lieu. En outre, n’oublions pas qu’une des premières bande-annonce de la saison faisait apparaître les Stark restants en ce lieu fatidique… Le choix d’y envoyer les habitant.e.s les plus faibles pour les protéger a beaucoup de risque d’avoir des conséquences dramatiques.
- Une fois la guerre des Morts terminée, que nos personnages vont-ils devenir ? Tout semble poser cette question dans ce deuxième épisode, qui interroge les conflits postérieurs à celui à venir. Une grande mésentente entre Sansa et Daenerys sur le sort du Nord pourrait bien les mener à une énième guerre, et si Bran dit vrai, alors le Roi de la Nuit n’ira pas jusqu’à King’s Landing s’il parvient à s’emparer de la Corneille à Trois Yeux ! Je pense que la poignée de survivant.e.s de Winterfell ira se réfugier à Pyke puis descendra vers la capitale pour détrôner Cersei, au prix de grands sacrifices (comme celui de Jaime et de Tyrion, par exemple).
Retrouvez le premier opus de cette chronique ici : https://www.berthine.fr/game-of-thrones-8×01-retrouvailles-tendues-et-un-air-de-deja-vu/