[ ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS ]
Il est 3 heures du matin, heure française, ce lundi 20 mai, et les plus grand.e.s fans de Game of Thrones se sont collectivement rassemblé.e.s, chacun.e derrière son écran, pour 90 minutes de plaisir. Quelle que soit la qualité de l’épisode, les fans de Game of Thrones le savent : la sensation de découvrir un nouvel épisode vaut tout l’or du monde. Comme beaucoup, je me suis donc replongée dans cet univers qui m’est si cher, après des mois passés à relire les romans, revoir la série, et écumer les théories les plus loufoques proposées par l’Internet Mondial. Afin de transmettre mon amour pour cette saga, j’ai choisi de créer une modeste chronique hebdomadaire qui vous accompagnera tout au long de cette ultime saison. Bonne lecture !
Ma page est restée blanche de longues minutes, ce matin. Il était 4h30, et je devais écrire mes premières impressions, mon avis général, avant de regarder l’épisode une seconde fois et de former ces pensées de manière cohérente et les transformer en article. Non pas que mon avis joue un rôle décisif, ou qu’il ait une importance capitale dans l’univers de Game of Thrones, mais cet ultime épisode était si attendu qu’il est difficile de savoir par où commencer et par quoi commencer.
La question à laquelle tout le monde attendait une réponse depuis 8 ans était « Qui va s’asseoir sur le trône de Fer ». A coup de lectures, d’analyses, de préférences, chacun.e y est allé.e de sa théorie. Et puis, au fur et à mesure que les épisodes ont défilé, cette grande question est devenue « Que vont devenir nos personnages préférés » . La grande force de cette série c’était sa grande gallerie de personnages aux destins croisés parmis lesquel.le.s nous avons tou.te.s pu piocher un ou une préféré.e et suivre son évolution. Les plus chanceux et chanceuses d’entre nous ont vu leur personnage tenir jusqu’à l’ultime saison, voire jusqu’au dernier épisode. Mais la mort des autres, aussi douloureuse qu’elle ait pu être ( oui c’est toi que je regarde Robb), nous a ancrée dans cet univers et nous a permis de rester investi.es dans tout ce qu’y pouvait bien s’y dérouler. Malheureusement, c’est cet investissement émotionnel et cet attachement aux personnages qui a cruellement manqué à sa dernière saison, si bien que nous avons peu à peu pris de la distance avec leurs aventures et leurs fins éventuelles. Personnellement, j’ai perdu 3 de mes 4 personnages préférés cette saison, mais je ne me suis pas une seule fois sentie triste. Quelle déception, tout de même.
Je considère que deux éléments majeurs en sont la cause. Premièrement, plusieurs décisions des créateurs de la série n’ont pas été fidèles à ce que les personnages avaient pu être dans les saisons précédentes et ce qui nous avait rapproché.e.s d’elles ou d’eux. Ensuite – et c’est très lié – la décision de condenser cette ultime saison en 6 épisodes a forcé les scénaristes à être incroyablement synthétiques et donc, forcément, terriblement illogiques.
Ce dernier épisode offre une conclusion tout à fait cohérente avec le reste de la saison et parvient à conclure de manière élégante ce qu’elle avait commencé. Alors que les cendres – ou la neige, on ne sait plus faire la différence – retombent sur les ruines de King’s Landing, le silence inquiétant des anciens proches de Daenerys se fait assourdissant de regrets. Ils réalisent peu à peu l’ampleur de leurs erreurs et Jon Snow (que je me refuse désormais d’appeler par son nom de naissance au vu de l’absence totale d’importance de ses véritables origines dans le dénouement) aussi bien que Tyrion comprennent très vite qu’il leur reste peu de choix possibles. Pour tou.te.s celles et ceux qui continuaient d’espérer que Daenerys allait restaurer la paix dans les Sept Royaumes, le discours martial qu’elle prononce tout en haut de ses marches ne laisse plus aucun doute : la libératrice des innocent.e.s est devenue un tyran. Et non seulement elle n’arrive plus à cerner le bon du mauvais, mais en plus la Daenerys que nous connaissions si bien pour son sang froid exemplaire est devenue une femme se berçant d’illusions pathétiques au point de continuer à espérer que Jon bâtira un nouveau monde à ses côtés. Un grand merci à Jon Snow pour avoir mis fin à cette scène ultra-gênante ( j’ai eu TRES peur qu’en effet ce petit couple aille jusqu’au bout de la série, #ouf ) et apporté une conclusion logique et poétique à l’histoire de Daenerys. La scène avec Drogon prouve une fois de plus que la filmographie est complètement maîtrisée et que les réalisateurs – Weiss et Benioff eux-mêmes pour cet épisode – n’ont pas peur de faire des choix spectaculaires de superposition et de montage. S’il y a bien un élément réussi de cette saison, et c’est indéniable, il s’agit bien du visuel.
Ainsi, celle qui aura été Reine des cendres de Westeros quelques heures seulement a rendu son dernier souffle aux mains de l’homme qu’elle aimait, et exactement au même endroit que là où son père avait lui aussi succombé après un assassinat (celui accompli par Jaime Lannister, au cas où vous n’auriez pas tout suivi). Comme je l’avais précisé dans mon article précédent, ce revirement du personnage ne m’a pas choquée. Cependant, sa chute vers la folie s’est opérée de manière tellement rapide et arbitraire (il est difficile de cerner par exemple si la perte de Missandei, Jorah ou Rhaegal est réellement la faute de ses ennemi.e.s ou si elle est due à une série d’erreurs stratégiques plus aberrantes les unes que les autres) que nous n’avons eu ni le temps de comprendre, ni le temps de nous y faire. La libératrice est devenue une déséquilibrée puis un cadavre en moins de deux épisodes, il est désormais temps d’avancer, selon les scénaristes. Il incombe à celles et ceux qui sont toujours en vie de choisir l’avenir du continent, à présent !
C’est avec un immense plaisir que j’ai retrouvé cet assortiment hétéroclite de Lords et Ladies mêlant des anciens (si vous aviez oublié Edmure Tully, le frère maladroit de Catelyn, les scénaristes vous ont offert une occasion en or pour refaire sa connaissance), des oubliés ( le petit Robin Arryn qui a bien grandi et semble être devenu normal !!), des nouveaux (Sam, Gendry, ou encore le Prince de Dorne – mais si, vous savez, cette région qui n’aura servi à rien tout au long de la série), des complètement inconnus (est-ce le Lord provisoire de Highgarden qui se trouve à gauche de Sam ?), ainsi que des personnages qui n’auraient techniquement rien à faire là (Brienne, Davos…) mais qu’on est très content.e.s de revoir. Et c’est ainsi, dans ce calme relatif (nous ne sommes plus à une menace d’égorgement près, après tout) que les plus grandes décisions de l’histoire de la Royauté de Westeros se font : le pouvoir ne se transmettra non plus par le sang mais par le choix ; le Nord sera indépendant ; et Bran Stark ouvrira le bal de cette nouvelle dynastie à venir. Nous sommes à une tentative de démocratie près – désolée Sam, tu es décidément trop en avance pour elles et eux ! – de la restauration d’un nouvel équilibre dans le continent.
Je ne m’attendais pas à ce que ce soit Bran qui soit choisi, mais je trouve ce dénouement à la fois logique et sensé. Élire une personne capable de tout savoir sur l’histoire et les motivations de son entourage ne me paraît pas être une mauvaise idée, et il est indéniable que jusque-là Bran a fait preuve d’une grande justice. Avec le recul, je me rends compte que plusieurs indices pointaient vers ce dénouement, mais je ne vous assommerai pas avec cela pour l’instant. En outre, la décision de Sansa est accueillie avec un respect que seul un roi lui-même originaire du Nord aurait été capable, et cela écarte la possibilité d’une guerre d’indépendance dans un futur proche. Bref, c’est un choix qui me plaît beaucoup.
Ainsi, à l’issu de cette rencontre au sommet, les Stark se répartissent aux quatre coins du globe pour poursuivre leurs destinées respectives : Arya part à l’aventure pour aller découvrir de nouveaux horizons ( et répond enfin à une question que je me posais depuis loooongtemps, merci Arya ! ) , Sansa reprend sa place légitime de Lady de Winterfell, Jon retourne au Nord du Mur et retrouve Ghost (#ouf), et Bran prend possession du trône de fer tant convoité. Enfin, du trône de fer fictif, puisque ce dernier a été fondu par Drogon dans une nouvelle tentative peu subtile de la part des scénaristes de bien nous montrer que la morale de toute cette histoire est que le pouvoir et la quête de celui-ci transforment les humain.e.s en êtres corrompus et cruels.
Il y a un personnage que j’ai jusque là peu évoqué dans cet article. Il s’agit de Tyrion Lannister dont l’interprétation par Peter Dinklage est tout simplement sublime. Comme vous le savez, j’ai souvent été très dubitative quant à la qualité des acteurs et des actrices de cette série. Le triptyque Harrington / Clarke / Williams m’a particulièrement dérangé tout au long des saisons passées. Cependant, il est indéniable que certain.e.s interprètes jouent très bien, et parmi elleux Peter Dinklage joue le mieux. Je vous ai partagé l’immense distance qui s’est créée entre le spectateur et les personnages ces derniers épisodes. Mais s’il y a bien un personnage dont je n’ai jamais vraiment réussi à me distancer, c’est bien celui-ci. Les larmes du Lutin devant les corps sans vie de son frère et de sa sœur sont d’une grande sincérité, ainsi que son désespoir face à la tyrannie de celle qu’il pensait être la libératrice des 7 Royaumes de Westeros. Les scénaristes ont nettement offert les plus beaux dialogues à Dinklage – mention spéciale pour sa démission téméraire – et l’acteur se dirige probablement droit vers un nouvel Emmy bien mérité. En outre, Tyrion nous offre un petit clin d’œil de légèreté à la fin de l’épisode et nous permet de renouer avec les fines intrigues politiques mais aussi – et surtout – l’humour que la série avait commencé à mettre de côté. Même si les livres d’histoire ne se souviendront pas de son nom, tout le monde sait bien que Tyrion Lannister est extrêmement compétent lorsqu’il s’agit de régler les soucis de politique interne, mais aussi de nous faire pleurer, ou nous faire rire.
De tous les épisodes de cette dernière saison, je dirais que celui-ci m’a le moins déçue. Il a été le point culminant d’une suite de 5 épisodes dont la trame a été développée avec le mode « accéléré » enclenché, et donc la rapidité avec laquelle les informations s’enchaînent m’a agacée, sans pour autant me décevoir, puisque je m’y attendais. En outre, le fin mot de l’histoire de Game of Thrones me paraît cohérent et tout à fait légitime, et c’est donc à tête reposée que je vais pouvoir clore ce chapitre de ma petite vie de sériephile en attendant avec impatience les romans à venir.
Pensées orphelines
- Cet épisode est truffé de clins d’œil au reste de la série : la réunion des Lords en est un, ainsi que Tyrion ré-arrangeant les chaises, Jon partant pour le Nord, Davos corrigeant une petite faute de grammaire, ou encore les Stark se réunissant une dernière fois avant de partir vivre des aventures bien à elles et à eux.
- Trois scènes m’ont émues : les larmes de Tyrion, le deuil de Drogon, mais aussi la petite scène très silencieuse et discrète de Brienne rendant hommage à Jaime à sa façon. L’histoire du livre de la Garde Royale n’est jamais entièrement développée dans la série, mais c’est un joli clin d’œil aux romans ainsi qu’à la relation entre ces deux personnages. Vous noterez au passage que Brienne à été sacrée Lord Commandante de la Garde Royale, comme en témoignent son armure dorée et sa cape blanche en fin d’épisode. C’était mérité !
- L’intelligence des dragons est enfin évoquée ! Drogon agit ici de son plein gré et prouve à tou.te.s qu’il avait conscience de la nécessité de l’acte meurtrier de Jon. A votre avis, où est-il parti ? Et pourquoi Bran le recherche-t-il ? J’aime à penser qu’il est parti dans les contrées lointaines que Arya est partie explorer, ou bien qu’il s’est réfugié sur l’Ile de Valyria, la terre ancestrale des Targaryen.
- C’est officiel, l’entraînement d’Arya pour devenir une sans-visage aura été une perte de temps considérable.
- Le peu d’humour qu’il y a dans cet épisode fait beaucoup de bien, et me fait prendre conscience du ton très grave qu’avait pris la série ces derniers temps !
- Mon petit Ghost a certes une oreille en moins mais il a enfin eu droit à un signe d’affection de la part de Jon et il vivra en paix #ouf
- Podrick (ou plutôt Ser Podrick maintenant) et son éternelle tête de stagiaire a donc obtenu le rôle prestigieux de déplacer Bran dans King’s Landing !
- Grey Worm, ou Torgo Nudho tel que les scénaristes s’acharnent à l’appeler depuis 3 épisodes alors que jusque là tout le monde l’appelait par son nom traduit ( ???????????? ), a eu une boucle scénaristique certes un peu précipitée mais au moins terminée. Il met de côté ses volontés sanguinaires et choisit d’honorer la mémoire de Missandei en partant pour Naath, l’île aux plages paradisiaques qu’au passage personne n’a prévenue qu’elle allait bientôt accueillir au moins 3000 soldats castrés ne parlant pas la langue.
- En parlant de peuples étrangers, que diable vont bien pouvoir devenir les Dothrakis à Westeros ?
- C’est l’arrivée fracassante de Marie la Pragmatique, mais deux choses m’ont chiffonnées lors du discours de Daenerys. Premièrement, elle mélange les langages si bien que presque personne n’aurait pu comprendre l’intégralité de son discours, mais cela n’a pas l’air de déranger Jon et les autres qui seraient apparemment devenus trilingues depuis l’épisode dernier. Et puis, tous ses soldats l’entendent ???? Alors qu’elle est loin d’eux ????? Qu’ils sont nombreux ?????? Et qu’il y a du vent ????
- La petite herbe sur laquelle le cheval de Jon passe en toute fin d’épisode signalerait-elle le retour du Printemps ? Si oui, c’est un scandale, car le Nord nous promet depuis le début que « Winter is Coming » et maintenant qu’il est là on réalise que la menace n’était finalement pas si grande que ça et qu’il aura duré quelques mois tout au plus.
- Dans le palmarès du scénario le plus balancé à la fenêtre par les scénaristes, ce serait dommage de ne pas évoquer Bronn, dont l’ « histoire » sans queue ni tête est un des plus grands n’importe quoi de cette saison.
- Je suis outrée que personne, je dis bien PERSONNE ne soit ému.e ou ait même évoqué le décès de Sandor ?!!!
- Yara Greyjoy rit avec les autres lorsqu’elle entend parler de l’idée saugrenue de Sam qui propose de demander son avis au peuple entier. Les scénaristes ont donc oublié que dans les Iles de Fer le Roi ( ou la Reine) à le droit à un « Kingsmoot », une sorte de vote, pendant lequel le peuple peut s’exprimer en faveur ou contre les prétendant.e.s à la couronne.
- Je suis plutôt rassurée qu’au final il n’y ait pas eu besoin de mariage pour que Sansa puisse exprimer entièrement sa badassitude ! (Mais cette couronne est beaucoup trop moche)
- Très (très) drôle que Tyrion ait nommé le nouveau Roi « Bran le Brisé » sans même lui demander son avis.
Le temps des théories est malheureusement révolu, mais de nombreux points se retrouvent sans aucune réponse du fait de (je ne le dirai jamais assez) la rapidité ridicule du scénario. Questions en vrac : Que voulait le Night King ? Qui était-il ? Que signifie la spirale ? Qui était réellement Varys ? Qui est Azor Azhai ? Quelle est la véritable religion ? Comment vont-ils faire pour gérer la famine en hiver ? La banque de Braavos va-t-elle venir réclamer son argent ? Où est Nymeria ?
A celles et ceux qui vivraient sous un caillou, je rappelle que HBO travaille actuellement sur un spin-off de Game of Thrones dans lequel, je l’espère, les motivations du Roi de la Nuit seront expliquées. Et oui, l’univers de Game of Thrones est désormais un vaste produit marketing, si bien qu’ils ont jugé nécessaire de ne pas tout expliquer pour leur laisser une grande marge de manœuvre dans ce spin-off qui devrait atteindre nos écrans d’ici la fin de 2020 !
Vous pouvez trouver mes critiques précédentes ici, ici, ici, et ici. Merci de m’avoir lue, et à très bientôt !