Aux confins du Poitou, de l’Anjou et de la Touraine se dresse l’abbaye royale de Fontevraud. Proche de Saumur, elle se trouve à une heure de Tours en voiture et à environ une heure quinze de Poitiers. Sur la route, vous verrez doucement évoluer le paysage. Le village de Fontevraud ne manque pas de charme, en plus de cela. La visite de l’Abbaye me laisse un souvenir de calme et de sérénité. C’est un lieu singulier dont la pierre blanche me reste gravée dans la pupille.
Avec ses treize hectares, l’Abbaye est la plus vaste cité monastique héritée du Moyen-Âge en Europe. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, elle est en plus de son architecture et de son histoire passionnantes, est un lieu culturel d’envergure où se tiennent de multiples expositions permanentes et temporaires (patrimoine de l’abbaye, art contemporain…). En vacances dans la région ou juste de passage pour une journée, de belles découvertes vous attendent en la visitant.
L’abbaye est fondée en 1101 par Robert d’Abrissel, un moine itinérant. Il installe sa communauté, composée d’hommes et de femmes issues de diverses conditions sociales. Suivant la règle bénédictine, la vie de la communauté est organisée autour du travail, de la pauvreté et de la pénitence. Robert d’Abrisselle a l’originalité de nommer, dès 1115, une abbesse. Elle dirige aussi bien les femmes que les hommes de cette petite cité idéale. Il en sera ainsi jusqu’en 1792 (date à laquelle les moniales sont forcées de quitter les lieux à cause de la Révolution).
Fontevraud a aussi la particularité de servir de nécropole aux puissant·e·s Plantagenêt – une puissante maison royale, dont certains membres ont notamment été rois d’Angleterre. On retrouve ainsi les gisants d’Aliénor d’Aquitaine et de son mari Henri II mais aussi de leur fils Richard Coeur de Lion (qui fût surnommé le « Poitevin », soit dit en passant). Un gisant est une forme de sculpture funéraire, représentant le défunt ou la défunte allongé·e, placée sur le dessus de la tombe. Les défunt·e·s ont généralement l’air béat ou souriant. Celui d’Aliénor d’Aquitaine a la particularité de tenir un livre, symbole de sa grande culture et de son savoir.
À la Révolution, l’abbesse et les religieuses sont chassées et l’abbaye subit une transformation pour le moins radicale. En 1804, Napoléon a la bonne idée d’en faire une prison. Cela nécessitera des années de travaux et Fontevraud sera considérée comme étant l’une des centrales pénitentiaires les plus dures de France. Elle ne fermera qu’en 1963 !
En 1975, l’abbaye de Fontevraud devient un centre culturel sous l’impulsion de la région. On y organise des résidences d’artistes, des expositions, des concerts, etc, tout en préservant le monument et son histoire. C’est une histoire pour le moins atypique que celle de Fontevraud. À travers les siècles, l’Abbaye se réinvente. Elle accueillera à partir de l’automne 2020 une riche collection de peintres modernes (Toulouse-Lautrec, Degas…) qui viendra l’enrichir un peu plus encore.
Peu importe le temps que l’on y passe, il est très agréable à Fontevraud de déambuler aussi bien entre intérieur et extérieur, qu’à travers les époques. Passer, par exemple, des gisants des Plantagenêt à l’installation contemporaine de Claude Levèque Mort. Il faut porter une attention particulière à la lumière qui s’immisce partout, invitée ou infiltrée.
Quelques infos pratiques :
L’entrée de l’Abbaye en visite libre est de 11€ en plein tarif et de 7,50€ en tarif réduit. Elle est gratuite pour les bénéficiaires du RSA et les personnes en situation de handicap (sur présentation d’un justificatif).
L’abbaye est ouverte toute l’année, donc si les chaleurs actuelles vous découragent un peu, vous pouvez aussi y aller cet automne !
https://www.fontevraud.fr/