L’oiseau que l’on nomme communément « coucou » est connu pour parasiter les nids d’autres oiseaux en y pondant son œuf. Le petit coucou, qui éclot le premier, pousse alors les autres du nid pour profiter pleinement de la nourriture que rapportent les deux parents qui n’y voient que du feu. C’est donc un titre bien mystérieux que nous propose ici Frances Hardinge. Les apparences sont dès lors forcément trompeuses. L’incertitude est de mise et se trouve au centre de la problématique du personnage principal.
Dans une Angleterre au lendemain de la Première Guerre mondiale, la famille Crescent passe quelques jours à la campagne. Leur fille aînée Thérésa, âgée de onze ans, survit miraculeusement à une noyade. Elle parvient à revenir seule et détrempée du point d’eau où l’accident a eu lieu avant de s’évanouir sur le pas de la maison. A son réveil, elle n’a que des bribes de souvenirs et ne sait plus où et avec qui elle se trouve exactement. Le médecin qui l’examine diagnostique un choc post-traumatique et la jeune fille cherche à se persuader qu’il ne s’agit que de cela. Mais des phénomènes étranges l’entourent. Une faim insatiable la tenaille. Elle perd parfois le contrôle et n’est plus « elle-même », presque sauvage. Les poupées s’animent et lui crient dessus. Elle pense perdre la raison. Mais est-ce bien le cas ? A-t’on vraiment chercher à la noyer ? Et qui l’aurait fait ? Sa petite sœur, Pen, la craint et la fuit.
Les parents Crescent se retrouve face à une véritable crise familiale qu’ils ne parviennent pas à résoudre par des moyens ordinaires. Comment peuvent-ils soigner leur petite fille modèle devenue si farouche, voire violente ?
Thérésa, Triss, elle-même perd le contrôle et ne sait pas exactement quoi faire pour échapper aux « soins » de ses parents qui, elle le craint, pourrait l’envoyer en psychiatrie. Elle ne se comprend pas elle-même non plus.
Afin de se sauver (et sa famille avec), Triss devra partir pour une quête effroyable au-delà des certitudes ébranlées par la Guerre.
Un magnifique roman de fantaisie et d’horreur, à l’ambiance brumeuse ! Les créatures qui le peuplent montrent une fois de plus que la fiction, et la fantaisie ou la science-fiction notamment, sont les meilleurs moyens pour questionner notre Histoire et le comportement humain.
Publié pour la première en langue anglaise en 2014 (titre original, Cuckoo song), Le chant du Coucou est maintenant disponible en version française chez L’Atalante.
Le Chant du Coucou, Frances Hardinge, L’Atalante Editions, 2018, 23,90€