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Le Grand Prix d’Angoulême récompense (enfin) la mangaka Rumiko Takahashi

Posté par Ju le Zébu 28 janvier 2019

Le festival de la BD d’Angoulême qui vient chaque année faire vivre et revivre la ville charentaise, se terminait hier soir. A cette occasion plusieurs prix sont remis dans différentes catégories afin de promouvoir et célébrer le 9eme Art et récompenser ses créateurs et créatrices.

Cette année le Grand Prix honorait la grande mangaka Rumiko Takahashi.

{CEREMONIE} Et c’est Rumiko Takahashi qui a emporté le plus de vote ! Pour la seconde fois, un mangaka reçoit le Grand Prix du Festival International de Bande dessinée d’Angoulême, après Katsuhiro Ōtomo.#FIBD #FIBD2019 #CérémonieFIBD2019 pic.twitter.com/gFOkDW75Q1— Festival d’Angoulême (@bdangouleme) 23 janvier 2019

Le Grand Prix récompense un créateur ou une créatrice pour l’ensemble de sa carrière. Il n’est pas doté (on ne remporte pas d’argent) mais c’est un titre honorifique important à la suite duquel une grande exposition est consacrée à l’auteur.e à la prochaine édition du festival. Les nommé.e.s sont choisi.e.s par le comité d’organisation du Festival. Le mode d’élection a cependant évolué au cours de l’histoire du Festival. Le Grand Jury qui pendant plusieurs décennies attribuait le prix, composé principalement d’auteurs franco-belges, a souvent été accusé de copinage avec les vainqueurs qui pour la grande majorité publiaient dans les mêmes revues qu’eux (Pilote par exemple). Ce sont aujourd’hui tous les auteur.e.s accrédité.e.s participant au festival qui élisent le vainqueur ou la vainqueure.

Depuis les débuts du Festival en 1974 (année qui avait récompensé nul autre que Franquin!), seule une femme avait remporté le Grand Prix. Il s’agit de Florence Cestac en 2000. Claire Brétecher (Agrippine) avait obtenu en 1982 un Grand Prix d’Anniversaire du Festival. Ce dernier est cependant attribué en plus du Grand Prix classique et sans vote. Il ne devrait pas empêcher d’être nominé.e.s les années suivantes. Claire Brétecher n’a cependant jamais figuré sur les listes des nominé.e.s qui ont suivi.e.s.

En 2016, la polémique était particulièrement forte puisque sur les trente nominés, aucune femme. On voyait alors fleurir sur les réseaux sociaux : #WomanDoBD.

Dans une interview de Télérama, Franck Bondoux, délégué général de la manifestation du Festival Internationale de la BD d’Angoulême, déclarait : « La réalité historique de la BD, c’est que les créateurs masculins y sont dominants ».

Comme partout ailleurs dans l’Histoire pourrait-on dire. Il n’aurait pas été superflu d’ajouter que les auteurs francophones (et surtout français) dominaient également les listes des Grands Prix. Élément problématique pour un événement qui se revendique international.

Les auteur.e.s japonais.e.s notamment étaient particulièrement boudé.e.s alors que le succès des Mangas est mondial. Depuis 2013, trois Japonais.e.s ont reçu le Grand Prix. Il s’agit de Akira Toriyama (Dragon Ball) qui reçoit le Prix du quarantenaire du Festival (comme C.Brétecher), Katsuhiro Otomo (Akira) et enfin Rumiko Takashi.

La victoire de cette dernière semble donc être un double bon point pour le Festival. Mais c’est bien sa grande carrière qui est récompensée. Car avec plus de 200 millions de livres vendus, il s’agit de la dessinatrice de BD la plus lue dans le monde.

Rumiko Takashi est d’abord connue en France pour ceux et celles qui ont suivi dans les années 1980 le « Club Dorothée » à la télévision. En effet, on diffusait dans ce programme les animés adaptés de ses mangas : Juliette, je t’aime (adaptation du manga Maison Ikkoku) ou encore Ranma.

https://www.youtube.com/watch?v=18QZXfWl2VY
Juliette, je t’aime épisode 1

L’auteure se singularise en s’appropriant le genre du shōnen (récits d’aventures et d’actions) dont elle devient la reine plutôt que le genre romantique du shōjō qui s’adresse à un public majoritairement féminin.

Ses récits retracent l’histoire d’une société japonaise en pleine mutation. Elle donne la voix aux marginaux et dote ses personnages féminins de caractères courageux et déterminés.

Rumiko Takahashi maîtrise aussi un large panel de registres et s’essaye à différents genres comme le fantastique dans Mermaid Forest.

L’ensemble de son œuvre n’était pas encore traduite en Français. On peut espérer que suite à ce Grand Prix amplement mérité, les titres encore inconnus de la mangaka fleuriront bientôt dans nos librairie.

Collectif des Créatrices de Bande-Dessinée contre le Sexisme (pour découvrir pleins d’auteures !)

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