Le rap, « une musique pas faite pour cent personnes mais pour des millions », pouvait-on entendre en 1996. Depuis, le rap francophone n’a pas cessé de faire du chemin, de se faire accepter dans les salles de concerts, les festivals et de prendre une place grandissante dans l’industrie culturelle française ainsi que dans les médias traditionnels. En 2016, Doc Gyneco faisait son retour pour fêter les vingt ans de son album « Première Consultation ». En 2017, IAM organise une tournée pour les vingt ans de « L’école du micro d’argent ». En 2018, ce sera au tour d’NTM de se reformer pour un come back trente ans après leurs débuts. Le rap français actuel c’est des « anciens » toujours présents, des stars qui remplissent les Zéniths, un vivier incroyable d’artistes en voie de confirmation et des « petits » qui sortent des projets, des clips dans chaque ville, chaque quartier, tous les jours. Mais au milieu de tout ça, où sont les femmes ?
Aujourd’hui, le Hip-hop s’est démocratisé, c’est un fait. Personnellement je m’en réjouis et encore plus quand je vois tous les endroits où il peut amener de la mixité et du partage. Je peux voir des soirées slam avec autant de femmes que d’hommes, des ateliers d’écritures avec autant de femmes que d’hommes ou des fosses de concerts avec autant de femmes que d’hommes. Pourtant, il est inimaginable de voir se succéder dans les soirées de battlerap, les playlists des radios ou les clips des chaines spécialisées autant de femmes que d’hommes. Alors peut être que les femmes rappent moins. Ouais, peut être qu’elles aiment moins ça. Ou peut être aussi que les filles sont moins encouragées à aller à la maison de quartier ou dans la rue pour rapper et tuer le temps avec des ami-e-s. Peut-être aussi que le choix des labels et maisons de disques de mettre en avant les artistes féminines est peu fréquent. Mais là encore c’est un fait : que ce soit sur la scène indépendante ou mainstream l’exposition des femmes est minime. Lorsqu’on fouine sur des forums ou que l’on parle aux puristes on peut trouver des noms féminins qui viennent parsemer l’évolution du rap francophone depuis les années 90 mais quand on considère les facteurs « exposition au grand public » et « durée à travers les époques » il faut bien se rendre à l’évidence, les femmes ne sont pas là. A part peut être Diam’s, quelle rappeuse pourrait faire son grand retour aujourd’hui et faire salle pleine ? Quel nom de grande rappeuse vous avez en tête ? Voici une sélection subjective de cinq rappeuses francophones qui méritent le détour.
Casey
Un des rares contre exemple de ce qui est écrit juste avant. Casey commence le rap dans les années 90, elle perce en indépendante avec plusieurs projets dans le milieu des années 2000. Elle est toujours là – et enragée – en 2017.
Créature Ratée (2010)
KT Gorique
Elle est suisse, championne du monde de freestyle en 2012 et plus connue du grand public depuis qu’elle a joué le rôle principal du film Brooklyn sorti en 2014. Le film rend hommage à la culture Hip-hop. KT Gorique sort « Ora » sa nouvelle mixtape le 9 juin 2017. En plus, elle dédicace son ainée Casey dans son dernier clip « Badass ».
Bande annonce Brooklyn (2014)
Quelle histoire (2017)
La Gale
On reste du côté du pays du chocolat et des banques avec la rappeuse libano-suisse de Lausanne. Aussi dark que celui de Casey, le rap de La Gale est puissant et prend tout son sens sur scène où l’artiste est un mix entre rappeuse, rockeuse et punk.
Qui m’aime me suive (2015)
Sous une rafale de pierres (feat Vîrus, 2015)
Keny Arkana
Plus militante et moins grand public que Diam’s elle est tout de même signée par le label Because Music en 2006. Représentante féminine la plus connue du rap phocéen, Keny Arkana est sans doute la rappeuse française la plus en vue encore aujourd’hui. Elle sera tête d’affiche dans plusieurs festivals cet été et sort un nouveau projet, « L’ESQUISSE 3 » le 2 juin 2017.
Réveillez-vous (2012)
Abracadabra (2017)
Chilla
Originaire de Gex, à la frontière avec Genève elle a seulement 22 ans et se développe aujourd’hui entre Lyon et Paris. Épaulée par Tefa, qui a produit Diam’s, elle représente la nouvelle vague de rappeuses sur lesquelles les grosses majors de l’industrie musicale ont recommencé à miser les dernières années – que ce soit Sianna avec Warner, Shay avec Capitol ou plus récemment Chilla avec Universal. Pas de projet concret encore à son actif mais elle multiplie les freestyles, clips et les concerts.
Sale chienne (2017)
Cet article ne prétend pas à l’exhaustivité, il est juste là pour proposer des noms, des pistes à creuser si ta curiosité est titillée. En « commercial », en « indé », il y en a pour tous les goûts. Les chiennes hifi, Les vulves assassines, Billie Brelok, Hero Echo, Pumpkin, Shay, Sianna, Ladea, Liza Monet, Pand’or et bien d’autres, il suffit de chercher et d’en parler …
T’en veux encore ?
Va voir le très bon site Madame Rap que tu peux aussi retrouver sur tous les réseaux sociaux : http://www.madamerap.com/
On te parlait de la rappeuse nantaise Pumpkin il y a quelques mois : http://www.berthine.fr/une-rappeuse-et-un-rappeur-a-suivre/
Le film Patti Cake$, présenté à la quinzaine des réalisateurs lors du dernier festival de Cannes, sort fin aout 2017 en France. Il parle d’une jeune fille du New-Jersey qui veut devenir star du Hip-hop et ça à l’air bien cool.
L’article « Peut-on être féministe et fantasmer sur Booba » : http://retard-magazine.com/peut-on-etre-feministe-et-fantasmer-sur-booba/