Film de Theodore Melfi, 2017
Synopsis officiel : Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn.
Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.
Avec : Taraji. P. Henson, Octavia Spencer, Janaelle Monáe, Kevin Costner…
Mon avis : C’est avec une légère appréhension que je suis allée voir Les figures de l’ombre (Hidden Figures en VO). Le sujet est propice à un ramassis de clichés nauséeux et à la domination du « feel good », surtout lorsque traité par Hollywood. On ne va pas se mentir : j’ai passé un bon moment. Les répliques cinglantes des trois protagonistes sont assez jouissives, et les autres personnages sont tellement agaçants (mention spéciale pour Paul Stafford, l’insupportable mathématicien, évidemment joué par un Jim Parsons très convaincant) qu’il est impossible de ne pas soupirer de bien-être quand ils se font remettre à leur place. Le film réussit à bien mélanger la double discrimination dont ces trois femmes sont victimes : lorsqu’elles ne sont pas mises à l’écart parce qu’elles sont noires, elles le sont parce qu’elles ne possèdent pas les sacro-saints chromosomes XY.
Cependant, aller voir Les figures de l’ombre veut aussi dire devoir supporter 126 minutes d’un plaidoyer pro-américain exténuant. Il est évidemment impossible de passer à côté de fragments de discours inspirants de John F. Kennedy (souvenez-vous, je me réjouissais d’exactement l’inverse dans Jackie), et des effusions de joie après les réussites spatiales américaines. Al Harrison (Kevin Costner), gentil patron blanc qui veut effacer les inégalités dans son bureau, est un personnage tellement consensuel qu’il détrône presque John Glenn (Glenn Powell) dans la catégorie « Rôle le plus insupportable du film ». Bien que placées au centre de l’intrigue, les trois protagonistes sont au final si peu développées, qu’après avoir vu plus de 2h de film à leur propos on en vient à se demander qui elles sont vraiment, et si le film est réellement sur elles. Bien sûr, la BO est tout aussi agaçante, entre glissandos larmoyants et RnB pêchu, selon ce que le film cherche absolument à nous faire ressentir.
Si vous voulez passer un moment « feel good » et ne pas trop avoir à réfléchir, filez voir Les figures de l’ombre. Si c’est de l’objectivité et de la qualité scénaristique que vous cherchez, passez votre chemin.
6/10