Chez Berthine, comme nous sommes des gourmand·e·s, nous portons une attention toute particulière à la nourriture en peinture. L’alimentation, en tant que pratique culturelle typique à une époque ou à un groupe social, est un objet digne de représentation, souvent porteur d’un discours plus vaste. Dans tous les cas, l’art pictural nous inspire dans le champ de l’art culinaire. Miam, miam. Nous vous proposons donc de découvrir un tableau, plus ou moins connu, et une recette végane que nous imaginons à partir de lui.
Petits farceurs et petites farceuses que vous êtes cher lectorat, vous avez choisi lors de notre vote un tableau de Mondrian. Je suis sûre que les plus retors·es d’entre-vous l’ont choisi en se disant (et en riant d’un air machiavélique) : « Je me demande bien d’où elle va pouvoir tirer sa recette parmi ces cubes ! ». Mais recette il y aura !
Commençons par faire un petit point (pour briller en société) sur Piet Mondrian (1872-1944). Originaire des Pays-Bas, le peintre est une figure majeure de l’art moderne. Il est célèbre pour ces peintures et ces installations abstraites, aux grandes formes carrées et colorées pour certaines (ces couleurs de prédilection étant le rouge, le blanc, le noir et le jaune). Piet Mondrian est en effet l’un des pionniers de l’art abstrait dès les années 1920. Ses débuts en peinture sont cependant marqués par la peinture en plein air (en vogue à la fin du 19e siècle, pensez aux impressionnistes entre autres). Au commencement de sa carrière, les représentations de paysage naturel sont importants (on compte bon nombre d’arbres dans ses tableaux). A ce moment-là, P. Mondrian accorde déjà aux couleurs et aux formes une valeur symbolique, voire même une charge morale. Il se détache petit à petit de la figuration et s’intéresse aux mathématiques et à la géométrie mais aussi à la théosophie1. Il devient ainsi le partisan d’une peinture plus spirituelle, plus proche de l’essence des choses plutôt que de leur aspect matériel.
Ainsi donc, pouvons-nous peut-être chercher dans cette Composition en rouge, jaune, bleu et noir, l’essence d’un arbre ou d’une autre forme naturelle. Ou bien … De délicieuses lasagnes essentialisées ? Nous allons revenir à une réalité matérielle très concrète et très appétissante. Voici l’essentiel pour faire de délicieuses lasagnes à la Mondrian.
La préparation peut vous sembler alambiquée mais c’est en fait assez simple. Nous allons réaliser deux sauces, une rouge et une verte, qu’il faudra ensuite alterner dans le montage des lasagnes.
Pour 6 pers. (4 si vous êtes très gourmand·e·s)
Ingrédients :
- 1 paquet de lasagnes
- 1 oignon
- 400ml de sauce tomate
- 1 brique de crème de soja
- 500g d’épinards frais
- 8 champignons de Paris
- 2 carottes
- 100g de protéines de soja
- 10 olives noires
- 1 bonne poignée de petits pois
- 2 gousses d’ail
- 1 c.à c. de sucre
- Sel, poivre, paprika, muscade
- 1 cube de bouillon de légume
- Levure maltée, graînes
- Et en bonus : 3 tomates séchées
Pour la sauce rouge :
1. Coupez la moitié de l’oignon en petits morceaux et faites-les rissoler. Ajoutez une gousse d’ail pressée ou coupée très finement.
2. Mettez de l’eau bouillir pour hydrater vos protéines de soja. Disposez celles-ci dans un bol et trempez-les 5 à 10 min dans l’eau bouillante. Puis, égouttez-les.
3. Pendant que les protéines trempent, épluchez vos carottes et coupez-les en fines rondelles. Ajoutez-les à la poêlé.
4. Lorsque vos protéines de soja sont prêtes, incorporez-les également.
5. Coupez vos olives en petits morceaux et ajoutez-les aussi.
6. Coupez votre bouillon de légume en deux et jetez-le dans la poêle, il fondra parmi vos légumes. Salez, poivrez, paprikez (enfin ajoutez du paprika quoi).
7. Lorsque tout ce petit monde est bien revenu, versez la sauce tomate ainsi qu’une cuillère de sucre pour contre-balancer l’acidité. Laissez mijotez un peu, puis coupez le feu.
Pour la sauce verte :
1. Coupez l’autre moitié d’oignon en petits morceaux et faites-le rissoler. Ajoutez une gousse d’ail pressée ou coupée très finement. (une impression de déjà vu ? Oui, oui.)
2. Après avoir laver vos champignons, coupez-les en petits morceaux et ajoutez-les à la poêle.
3. Hachez vos épinards très finement avant de les incorporer au reste. Lorsqu’ils ont réduits, ajoutez les petits pois.
4. Coupez vos tomates séchées en petits dés et ajoutez-les. Vous pouvez verser une goûte (ou deux) de l’huile des tomates séchées dans la préparation (ainsi que dans la rouge) pour parfumer votre plat.
5. Jetez votre demi bouillon dans la poêle (encore une impression de déjà vu ? C’est fou!), mélangez. Salez, poivrez, muscadez (saupoudrez d’un peu de muscade en somme).
6. Lorsque tout ce petit monde est bien revenu (non mais, c’est gros comme une maison les copiés-collés là!), versez les 3/4 de votre brique de crème soja. Laissez mijotez un peu, puis coupez le feu.
Le montage final :
1. Dans un plat à gratin, étalez une première couche de sauce rouge (si vous mettez d’abord la verte, il n’y a pas mort d’homme).
2. Disposez par-dessus les plaques de lasagne. Elles ne doivent pas se chevaucher mais elles doivent bien recouvrir l’ensemble de la surface. Au besoin, cassez une planche. (ça ne vous rappelle pas un peu Mondrian ? Plusieurs formes rectangulaires…)
3. Étalez ensuite une couche de sauce verte bien équitablement.
4. Alternez jusqu’en haut du plat, sauce rouge, lasagnes et sauce verte. Vous devez terminer par une couche de pâtes.
5. Arrivé·e·s au bord (youhou, belle ascension!), versez le reste de crème soja et répartissez-la de manière à ce que toute la surface soit recouverte. Saupoudrez de levure maltée et de graines de votre choix (tournesol, sésame, pignons…).
6. Enfournez dans un four préchauffé à 190-200°C pendant 30min environ. Surveillez de temps à autre l’évolution de votre œuvre.
Bon appétit ! Ou Eet smakelijk (en néerlandais) !
1« Doctrine fondée sur la théorie de la sagesse divine omniprésente dans le monde manifesté et notamment dans l’homme. », Larousse