Au royaume des images de l’Enfer, cette image est reine ⬆️
J’ai commencé il y a peu la série The Good Place sur Netflix. Bien que je ne sois pas encore super convaincue par l’œuvre de façon globale (mais je n’ai même pas fini la saison 1), je trouve le pitch intéressant. Pour faire simple, à notre mort, un ratio est calculé en fonction des bonnes actions (au sens moral du terme) accomplies durant notre vie et bien évidemment les mauvaises actions. Si le ratio est positif, nous sommes envoyé·e·s dans The Good Place (le Bon Endroit), à l’inverse si le ratio est négatif… direction The Bad Place (le Mauvais Endroit).
Ce qui est amusant c’est la façon manichéenne dont sont imaginés les deux endroits, finalement très proches de notre culture judéo-chrétienne. The Good Place est l’endroit idéal, tout y est imaginé pour notre plus grand bonheur en fonction de critères précis sur nos goûts et couleurs, nous y trouvons même notre âme-sœur, c’est dire ! The Bad Place à l’inverse est un endroit de souffrance perpétuelle où se jouent nos peurs les plus ancrées.
Je me suis amusée à imaginer à quoi ressemblerait ma Bad Place et ce fut un exercice très amusant. D’autant plus qu’il aide un tout petit peu à relativiser notre sort (même si je n’aime pas trop les injonctions à relativiser).
Pour commencer, il y ferait chaud, ce serait tout le temps l’été, avec un soleil cuisant brillant en permanence et évidemment aucun moyen d’évacuer la transpiration qui sortirait de tous les pores de ma peau. Pire encore, l’odeur générale ne serait que vieille transpiration moisie type voisin de salle de sport.
Ma maison serait une immense colocation avec interdiction de faire le ménage et des dortoirs en guise de chambre. La décoration serait modeste : d’énormes piles de linge sale.
Pour se laver, il n’y aurait que des baignoires fumantes très attrayantes qui, dès mon corps plongé dans les eaux, se transformeraient en simple piscine gonflable avec de l’eau à 10°C (au mieux). D’ailleurs au moment de mes ablutions, des gens se posteraient à chaque fois autour de moi pour un interlude musical : ongles sur tableau noir et frites.
Il n’y aurait rien à boire à part du Ice Tea (transparent de telle sorte que j’ai l’illusion à chaque fois que « ça va peut-être être de l’eau »).
À manger, seulement des produits d’origine animale ou au mieux une salade de céleris, betteraves avec beaucoup de coriandre.
Je serais tout le temps fatiguée mais dès que j’aurais l’audace de vouloir dormir, l’alarme de l’iPhone se mettrait en marche en continu À L’INTÉRIEUR DE MA TÊTE.
En dehors de ma maison, les lieux seraient limités à (liste non exhaustive) :
- des transports en commun bondés avec des enfants qui crient.
- des plages de cailloux où tu ne peux pas t’assoir sans finir avec 8 bleus à chaque fesse
- des Parlements remplis d’hommes blancs de 50 ans avec cravate rose saumon.
- des repas de familles d’une durée de 9 heures.
Dieu non merci, il y aurait Internet ! Mais sur Instagram, je n’y verrais que des stories de concert et dans mon feed que des photos de grossesse. Sur Twitter, quoi que je tweete, des mecs blancs me répondraient en m’expliquant ce qu’est le VRAI féminisme.
Il n’y aurait plus Facebook. Enfin techniquement si, mais juste les stories et qui regarde les stories sur Facebook au juste ?
De toute façon, mon ordinateur serait tellement lent (1 an en moyenne pour charger une page) que je lâcherais l’affaire.
Une à deux fois par heure un mec de 15 ans tournerait en rond autour de moi avec dans son sac à dos une grosse enceinte diffusant du PNL.
Où que je sois, quelqu’un serait là pour me dire « feur » si j’ai le malheur de dire « quoi ? »
Il serait possible de copuler mais uniquement avec une pub Carglass en musique de fond. Et en tant qu’hétéro je n’aurais le droit à évidemment aucun orgasme (ah merde là on se rapproche trop de la vie sur Terre).
Pas d’animaux avec qui converser et partager un peu d’affection évidemment, à part peut-être des limaces pour se glisser sous mes pieds quand je marche. Ah et des moustiques pour plus de piquant.
J’abandonnerais au bout de quelques jours l’idée de faire mes courses puisque peu importe la caisse choisie, ce serait celle qui n’avance pas. Celle qui n’avance plus. D’ailleurs à quoi bon faire ses courses si je ne peux me nourrir que saveur coriandre ? Autant ne pas manger puisque je suis morte.
Oh j’oubliais, j’aurais continuellement un vieux classique français à la con dans la tête, genre du Claudre François tiens.
Mais je crois que le pire dans tout ce purgatoire, c’est qu’une seule discipline serait reconnue comme une science : l’économie.
Et vous à quoi ressemblerait votre Enfer ?
ndlr : compte tenu de la galère absolue que fut la mise en page de ce simple article (plus d’une heure à me battre avec la connexion internet, wordpress and cie), j’en conclue que je suis déjà arrivée en Enfer. Peut-être y êtes-vous aussi.