L’open space est un aménagement de l’espace de travail de plus en plus répandu. 18 % des Français travailleraient aujourd’hui dans ce dispositif qui se caractérise par l’absence de cloisons ou de murs entre les différents bureaux. En conséquence, on voit et on entend tout le monde mais l’inverse est vrai aussi, tout le monde peut nous voir et nous entendre. Cette ouverture semble propice à l’échange et véhicule une image plus moderne, relax, de l’entreprise. On imagine aisément de jeunes salariés hyper motivés se jeter des idées géniales (ou des boulettes de papier) d’un bout à l’autre du bureau. Il existe cependant aussi quelques désavantages à l’absence de cloisons… Petit descriptif d’une expérience en open space : attention, décollage dans 3, 2, 1 !
Mise en orbite dans le monde du travail
Le siège de l’entreprise où je travaille est spacieux, lumineux, moderne et complètement ouvert sur l’extérieur. Les services sont répartis dans différents bureaux, tous en espace ouvert. Il n’y a que les responsables qui aient un bureau individuel mais vitré lui aussi. La transparence est de mise !
Le service « Création, marketing, communication » dans lequel je suis en poste est un vaste ensemble où pianotent sur leurs claviers une vingtaine de personnes réparties en différents îlots selon les spécialités de chacun. Comme je ne suis là que pour quelques mois, je suis dans un coin, un peu isolée et officiellement rattachée à la comm’. C’est un peu l’enclave de Kaliningrad (vous savez ce petit bout de Russie entre la Pologne et la Lituanie) de la comm’. Ma mission n’étant pas des plus qualifiées, les interactions avec les autres employés sont très limitées, ce qui ne me permet pas, dans un premier temps, de créer des liens avec eux. Je suis seule, lost in the open space. Autant vous dire que le moment où j’entre et lance un timide « bonjour » m’angoisse tous les matins !
La domination spatiale du gang des designers
Il y a principalement des femmes dans le service. Dans le lointain, j’entends parfois un brin de conversation, quelques rires. Mais durant le mois de juillet c’est un phénomène plutôt rare. En effet, le son de leurs voix est souvent couvert par un continuel flot de bruits émanant de l’îlot des designers. Ils rient fort et discutent sans trop se soucier des autres. Ils n’incluent presque jamais ceux qui sont autour et surtout n’ont pas l’air de se demander s’ils nuisent à la concentration de leurs collègues « non-designer ». Ils sont par ailleurs les seuls à mettre de la musique (sans demander ce que les autres veulent écouter ou non, évidemment). Une sorte de souffle de soulagement semble avoir balayer le bureau depuis que le gang au complet est en vacances !
Un peu de diplomatie végétale
Lors de la pause-déjeuner, entre détente et petits ragots, on en apprend un peu plus sur les relations internes à l’openspace. Travailler quotidiennement en face des mêmes personnes est plaisant lorsque l’on s’entend bien avec elle mais lorsque le contraire se manifeste… On pose une grande plante verte pour ne pas voir la tête de l’autre. Un mur végétal en apparence décoratif qui forme avant tout une cloison verte. Apparemment, on finit par reconstruire les cloisons soi-même !
Le panoptique
Bien qu’un peu isolée, il y a des gens à ma droite et derrière moi. Autant dire que les premiers jours, je ne me suis pas permise de bidouiller sur mon écran. J’avais en effet peur d’être prise sur le fait, dénoncée, renvoyée ! L’ambiance générale étant assez conviviale, j’ai fini par me détendre et on ne m’a rien dit lorsque j’ai emmené mes écouteurs pour alléger un peu l’ennui de ma tâche. On peut tout de même se dire, que dans un contexte moins cordial, moins amical même, la délation serait une chose facile et c’est d’ailleurs l’une des critiques généralement faite à l’open space.
L’endroit où je travaille est indéniablement plus confortable qu’un pauvre placard à balais et l’ambiance n’est pas mauvaise. Néanmoins, je n’ai pas toujours ressentie l’ouverture et la convivialité qui semblait à première vue émaner de l’endroit. Mes collègues qui y travaillent jour après jour depuis plus ou moins longtemps, critiquent parfois cet agencement de l’espace où le manque d’égard de certains résonnent jusque dans les fins fonds de l’open space. Durant le mois d’août, on peut cependant goûter aux joies du silence, tant l’endroit est déserté. Il y a désormais comme un échos, échos, échos, échos…