Les steacks végétariens ont débarqué au rayon charcuterie ! Si la grande distribution s’y met, c’est qu’il y a un marché à exploiter. S’il y a un marché, c’est que l’idée que notre consommation de viande et notre relation aux animaux non-humains de manière plus générale, pour des raisons éthiques et écologiques, pose question dans notre société. Pourtant la problématique est antique ! En effet, avant Jésus Christ, d’humbles philosophes comme Pythagore ont, avec différentes conceptions du monde animal, choisi de promouvoir le végétarisme. Depuis lors, les philosophes ont tourné et retourné cette question éthique et politique.
La défense de la cause animale est cependant riches et variées. Entre la critique de l’industrie ou la machine de production (mais pour de petites exploitations locales, à taille « humaine ») qu’est devenu l’élevage et le véganisme, il y a un gouffre. Pourtant, on trouve une constante dans toutes ces luttes : le silence des principaux concernés !
Sensibilité : check. Intelligence : check. Empathie : check. Parole : vide.
De la fondation B.Bardot aux membres de PETA, tous revendiquent des réformes, des droits, des soutiens, au nom des animaux n.-h. Tout le problème est bien là.
Pour remédier un peu à cela, nous avons, chez Berthine, tendu l’oreille et cru entendre ce que Mousse, jeune chien dynamique, résidant au sein d’une famille de la classe moyenne, pensait de tout cela. Ensemble, nous faisons le point sur la cause animale aujourd’hui. Interview exclusive.
Salut Mousse ! Est-ce que tu pourrais nous dire qui tu es ?
Alors, je m’appelle Moustache, mais on m’appelle Mousse, c’est plus court. Je suis un chien de compagnie. Je vis donc avec mes humains dans une maison et j’ai mon bout de canap’. Je suis chanceux, on habite à la campagne. Quand j’ai envie d’aller faire un tour je saute par-dessus la barrière et je vais flairer (c’est rigolo d’avoir mis des obstacles, petit challenge). J’aime beaucoup ma balle orange mais tout seul c’est pas drôle et mes humains ne sont pas beaucoup dispos (par contre ils sont souvent à la maison avec moi, ça, c’est bien). Heureusement, il y a les chats aussi. Mais eux, ils ont le droit de monter à l’étage et parfois ils font la tête.
Trouves-tu que les humains traitent les espèces (chiens, chats, poulets, moustiques, etc) de manières différentes ? Dirais-tu qu’ils sont spécistes (même au sein de ta famille) ?
Euh je comprends pas bien ce que veut dire « spécichose » mais oui ils font des différences ! Bah les chats peuvent monter en haut et entre-nous, ce sont eux les patrons, ils font ce qu’ils veulent. Moi par contre j’ai droit à plus de friandises (des os mais aussi des carottes) mais pour aller faire un tour je dois mettre cette fichue laisse. Ensuite, ils mangent certains animaux mais pas nous (les chats et moi), donc ça fait encore une différence. Et les moustiques et les mouches, ils les écrasent carrément. Moi, parfois je gobe un insecte quand il passe. Faut être rapide.
Est-ce que tu as vu ce qui se passe dans les élevages puis dans les abattoirs ? Dans les laboratoires ? (nous montrons une vidéo à Mousse)
Mais quelle horreur ! Horreur ! Vous n’entendez pas comme ils souffrent ces cochons ? Et ces souris ? Pourquoi vous faîtes ça ? Tu n’entends pas ce cri de douleur ?
Ça va plus vite et c’est pour le progrès paraît-il. A la chaîne.
Mais ça va pas la tête ! Et vous avez besoin d’en mettre tant que ça là-dedans ? Y en a trop!
Si tu savais à quelle échelle ça se fait… Y en a sûrement des morceaux dans tes croquettes et dans tes vaccins.
J’aime bien mes croquettes… Mais je préfère les spaghettis. J’aime pas les piqûres. Et si on doit d’abord mettre de la souris dedans, non merci !
Durant les dernières élections en France, un nouveau parti a fait son apparition : le Parti Animaliste. Il a été fondé en novembre 2016 et se présente comme une nécessité pour faire avancer la cause qu’ils jugent paralysée malgré une prise de conscience croissante. Il en existe un aux Pays-Bas depuis les années 70. Dans la charte du Parti, l’animal est considéré comme un « être sensible [et donc] un individu possédant une valeur intrinsèque. ». Un peu plus loin, ils ajoutent : « Une société libre implique de garantir que chaque individu puisse être le sujet de sa propre vie. ». Qu’en dis-tu ?
Euh, je ne sais pas trop ce qu’est un parti ou une élection mais en soi le groupe d’humains a l’air d’aimer les animaux. Ça semble bien. Il y a des animaux dans la party ?
Je crains bien que non… Mais est-ce que tu dirais que tu es libre toi, par exemple ?
La notion de liberté est un peu floue pour moi. Je fais comme je peux avec ce qui se présente. Je suis plutôt heureux.
Mais, est-ce que tu fais ce que tu veux quand tu veux ? Est-ce que tu peux aller te balader n’importe quand ? Manger n’importe quoi ? Faire des bébés avec qui tu veux ?
Tu veux rire ? Rien de tout ça ! Je ne suis donc pas libre, si ?
Les végétariens de manière plus progressive, et les vegans, ne mangent ni viandes ou produits animaux. Toi, tu pourrais ne plus manger de viande ? Ne plus attraper de mulot pendant tes balades (oui, oui, je sais que tu chasses un peu) ?
Ouh la, non ! Plus de croquettes, o.k. mais plus de chasse aux mulots, non !
Et pourquoi les humains devraient faire plus d’efforts que toi alors ?
Parce qu’ils font tellement plus de mal que moi. A eux-même, aux « non-humains » comme tu nous appelles, à la planète entière. Et surtout, parce qu’ils peuvent faire sans. Vous n’êtes pas obligés d’être des prédateurs (vous n’êtes pas très bons à mains nues de toute façon). Ce n’est pas ce qui fait de vous des animaux hors du commun, ça ? Le choix ?
PS : Mousse n’a pas été exploité pour la rédaction de cet article. Il n’est peut-être pas libre mais il roupille tranquillement sur le canapé (dans la partie qui n’est pas la sienne d’ailleurs, il n’a aucune notion de limite ce cher compagnon).