Qu’on croit à l’influence quotidienne des astres ou qu’on ait fait un test de compatibilité amoureuse le mois dernier pour rire, on connait tous les signes du Zodiaque. Mais d’où viennent-ils vraiment ? Pourquoi une chèvre-sirène ? Qu’est-ce que fout un crabe dans l’histoire ? Et tout simplement : pourquoi des animaux aussi random ? Spoiler alert : beaucoup de mythologie, Zeus trompe sa femme, et Héraclès tue un maximum de monstres.
Commençons en beauté par le trésor le plus convoité de la Grèce antique : vous la toison d’or ! A l’origine, c’était celle du bélier Chrysomallos, créature magique et ailé, pouvant même parler. Immolé en l’honneur de Zeus, c’est pendouillant à un chêne et gardée par un ÉNORME DRAGON qu’elle fera la convoitise de Pélias, oncle de Jason, ce dernier qui s’élancera avec ses Argonautes à bord du mythique navire Argo pour la récupérer.
(La suite du mythe implique des frères coupés en morceaux, une princesse en flamme et un héros au crâne broyé par une poutre alors qu’il faisait une sieste mais ça, c’est une autre histoire …)
Le signe du Taureau trouve son origine à Tyr, en Phénicie (Liban actuel) où la belle princesse Europe flâne tranquille sur les plages de Méditerranée. Soudain, un magnifique taureau blanc fait son apparition : intriguée, fascinée, elle se rapproche et, dans un excès de confiance, le chevauche et … Misère ! C’est encore Zeus, métamorphosé en une énième créature pour échapper à une énième crise de jalousie de sa femme et séduire une énième mortelle sans se faire chopper. Ni vu ni connu, le dieu des dieux enlève la princesse, et, le melon gros comme ça, place son Taureau parmi les étoiles.
Castor (le dompteur de chevaux) et Pollux (le boxeur) : on connait aujourd’hui bien leur nom, mais moins leur culte, pourtant très ancien : d’Inde jusqu’en Allemagne, les jumeaux divins, parfaitement égaux, étaient reconnus comme protecteurs des marins et des guerriers. Né d’un œuf, dont ils portaient la coquille brisée sur le crâne, on saluait leur force virile et on en demandait la bénédiction, surtout à Sparte où ils étaient intensément vénérés, notamment pour avoir « » »délivrés » » » contre son gré la princesse Hélène, tombée amoureuse de Pâris, célèbre prince troyen. Ils étaient tellement respectés et badass que leurs prouesses leur a permis de rejoindre les étoiles.
Bizu des signes du Zodiaque (et comme par hasard, le mien). Alors qu’Héraclès/Hercules est train d’en mettre plein la gueule à l’Hydre de Lerne pour son deuxième travail, armé de sa lame et d’une torche pour cautériser immédiatement les moignons des têtes tranchées du monstre pour les empêcher de repousser quand on les coupe, Héra, l’épouse de Zeus, voit rouge. Et craint de voir le fils illégitime de son mari qu’elle persécute depuis sa naissance l’emporter sur la bête (oui parce qu’avant ça, elle a quand même envoyé des serpents dans son berceau ET l’a forcé à tuer ses propres enfants, crime dont les 12 travaux sont la pénitence). Donc Héra flippe. Coup bas ultime : elle envoie son fidèle serviteur, le crabe Cancer, au milieu de l’épique bataille, pour sournoisement tuer le Héros en plein combat. Manque de bol, il se fait marcher dessus par Hercules sans faire gaffe, et meure. Voilà, fin de l’histoire. Emue par sa loyauté, Héra l’enverra quand même au ciel.
Pour le premier travail d’Héraclès, la barre est haute : tuer (pour changer) le lion de Némée, un monstre abominable ravageant la région. Doté d’une peau que personne ne peut percer de flèches ou trancher d’un coup d’épée, il terrorise et dévore la population. Notre Héros engage donc un formidable combat avec la créature invulnérable. De sa massue en bois d’olivier, il lui fracasse le crâne, sonnant la bête. Puis il l’étrangle à deux mains et l’étouffe. Ensuite, il le dépèce, fasciné par les son cuir magique, en utilisant les propres griffes du monstre pour s’en faire une ravissante tunique.
Associée parfois à Thémis, déesse de la justice et de la vertu, ou à sa fille Astrée, la Vierge est dans tous les cas une immortelle écœurée par la malhonnêteté, la grossièreté et le vice propres aux fillonistes mortels. Cette noble âme décida donc de leur faire un gros doigt et de se retirer dans les cieux, loin des turpitudes humaines. Elle a quand même eu le temps de décamper avec un épi de blé, qu’on lui représente généralement à la main. Oui, c’est arbitraire.
Seul symbole non-vivant du Zodiaque, on ne sait pas trop à qui elle sert : instrument de Thémis encore, comme attribut de justice et d’égalité ? Outil de Zeus, pour connaître les chances des Athéniens contre les Troyens lors de la guerre de Troie ? Peut-être est-ce un élément rapporté des égyptiens et de leur fameuse Balance du jugement de l’âme quand, à la mort d’un.e individu.e, on comparait le poids de son cœur avec celui d’une plume de la déesse Maat, pour savoir s’il méritait une place dans le royaume des morts ou s’il devait se faire dévorer par l’horrible Ammit (mi- crocodile, mi- hippopotame) ? Le mystère reste entier …
Tout comme le Cancer est l’envoyé d’Héra, le Scorpion est la créature d’Apollon, dieu du soleil, des arts et de l’harmonie. Jaloux , de voir le chasseur géant Orion passer du temps en compagnie de sa sœur jumelle Artémis, déesse de la lune et de la chasse, (et probablement un peu inquiet, Orion étant un géant un tantinet violent du genre à détruire un palais à mains nues), il lui envoie un gigantesque scorpion de feu sur la gueule. Les deux combattants luttent jour et nuit mais le Scorpion a l’avantage : Orion, pour se protéger, se réfugia dans la mer.
C’est d’ailleurs pour ça que la constellation du Scorpion et celle d’Orion sont, dans le ciel, à l’opposée : chacun se chasse sans pouvoir se rattraper, pour l’éternité. Fort tragique.
Le meilleur prof du monde est … un centaure. Chiron, qui contrairement à ses confrères n’était pas une brute bestiale assoiffée de sang et de vin, fut le mentor d’un bon nombre de Héros : Achilles, qu’on ne présente plus ; Asclépios, fils d’Apollon et dieu de la médecine ; le téméraire Jason, et même des Dioscures Castor et Pollux ! C’était un pédagogue sage, un brillant guérisseur, un valeureux guerrier, bref, un chic type. Jusqu’à ce qu’Hercules, sans faire gaffe, lui envoie une flèche barbouillée du sang de l’Hydre de Lerne (le plus puissant poison de toute la mythologie grecque) dans le genou. Oups. A l’agonie, fou de douleur, il supplia Zeus de lui retirer son immortalité pour pouvoir enfin mourir. Le roi des dieux l’exauça et, plein de pitié pour cette noble âme, métamorphosa son corps en constellation et l’envoya au ciel.
Que d’histoires différentes pour ce signe ! Pour certain, on occulte sa queue de poisson pour s’intéresser à son autre moitié : il s’agirait d’Amalthée, nourrice attitrée de bébé-Zeus qui grandit de lait de chèvre sur une petite île de Crête pour échapper à son père Cronos (qui rappelons-le, mangeait ses enfants). Chèvre Amalthée qui, d’ailleurs, serait à l’origine de la Corne d’Abondance !
Pour d’autres, il s’agirait du satyre Pan, le dieu lubrique de la nature et à la flûte éponyme. Quand le monstre démoniaque Typhon menaça de ravager l’Olympe et de tout détruire sur son passage, les dieux se sont TOUS barrés en Egypte en se métamorphosant en animaux pour passer incognito et faire l’autruche. Au milieu de ce joyeux bordel, Pan (déjà doté de cornes et de pattes de bouc de par sa condition de satyre) se dota d’une charmante petite queue de sirène pour échapper au chaos ambiant : notre Capricorne est né.
Enfin un peu d’homo-érotisme dans ces batailles, carnages et massacres. Et oui, car le Verseau n’est autre que le sublime prince troyen Ganymède, prodige parmi les mortels, d’une beauté extraordinaire, le plus beau de tous les hommes. Archétype de l’éphèbe grec, le voilà qui chasse (ou garde son troupeau de mouton, les versions divergent) près du mont Ida quand Zeus (encore lui !), maître du ciel et roi des Olympiens, a le coup de foudre. Epris du jeune homme au premier regard, il se métamorphose cette fois en aigle et l’enlève (encore) pour l’amener sur l’Olympe et en faire son +1. Ganymède devient alors échanson des dieux et de sa coupe coule tantôt le nectar, tantôt de nouveaux fleuves célestes …
Nous terminons ce tour d’horizon mythologique par les Poissons qui déjà, au temps de Babylone, étaient vénérés pour avoir poussés un œuf sur les berges de l’Euphrate, œuf donnant naissance à la déesse de l’amour ! Du temps des grecs anciens, c’est Aphrodite, déesse du désir, et son fils et agent personnel Eros, qui, poursuivis par le monstre Typhon, se métamorphosèrent en poissons (ou en dauphins) et nagèrent tranquillement et sans aucune peine jusqu’en Egypte, laissant derrière eux Zeus, tout seul, devant faire face au terrible monstre.
Pour résumer : les signes du Zodiaque ? Beaucoup de travaux d’Héraclès, du Zeus un peu partout, des métamorphoses en veux-tu en voilà, et quelques monstres assoiffés de sang. Voilà ! Votre signe n’a plus de secret pour vous, à vous de retrouver les joies de la compatibilité astro, la tête bien pleine !