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Peut-on vivre de YouTube ? Parlons chiffres

Posté par Loupche 26 juillet 2020

Cela va bientôt faire quatre ans que j’ai lancé ma chaîne YouTube. Au début, cela se limitait à écrire, filmer et monter des vidéos. Aujourd’hui se rajoutent à cela la gestion d’une boutique en ligne et d’un coaching universitaire, la recherche de partenariats, les dizaines de mails et tous les projets annexes qui se développent. En somme, ça prend du temps. 

Pourtant, à la question « est-ce que tu en vis ? » qui m’est posée quinze fois par jour, je continue de répondre que non, je ne suis toujours pas millionnaire ou en voyage à LA toutes les deux semaines. Malgré tout, mon entreprise commence doucement à être lucrative, et cet article a pour objectif de répondre à toutes tes questions sur la YouTube Money : comment gagne-t-on de l’argent avec YouTube ? Est-ce vraiment si simple que ça ? 

Attention, cet article parle des créateurices de contenu qui construisent leur notoriété directement sur les réseaux, plus particulièrement sur YouTube. Les personnes qui tirent leur célébrité d’un autre média (comme les acteurices de télé-réalité), puis utilisent cette notoriété pour enchaîner des partenariats et amasser de l’argent, ne sont pas comprises dans cette démonstration. 

La base : l’auto-entreprise 

Avant toute chose, il faut savoir qu’il est indispensable de déclarer les revenus générés par YouTube. Souvent, les créateurices de contenu font le choix du statut d’autoentrepreneur, que cet article explique très bien. De fait, déclarer ses revenus en tant qu’autoentrepreneur implique de payer des charges, qui sont aux alentours de 22% des revenus. Il faut donc enlever 22% de tous les chiffres qui seront exposés dans cet article pour envisager ce qu’une personne peut réellement gagner. 

Les principales sources de revenus

1. Google Adsense

Google Adsense, ce sont les pubs qui passent sur YouTube, avant, pendant et à la fin des vidéos. Ce sont des algorithmes qui gèrent le lancement et le choix des publicités, et les créateurices reçoivent un pourcentage minuscule des bénéfices. Pour te faire une idée, Adsense permet de gagner en moyenne 1$ pour 1000 vues. 

Mais ce ratio baisse pendant les vacances d’été, où les gens sont moins sur leurs écrans, et augmente pendant la période de Noël (où le marketing se fait plus agressif puisqu’il y a un pic de consommation). 

Par ailleurs, Youtube mettra en avant certaines chaînes plus que d’autres, et activera plus de publicités sur ces vidéos, ce qui générera plus de chiffre. Enfin, si on parle de sexualité dans une vidéo, elle est instantanément démonétisée, donc les vues ne rapportent rien.

Pour te donner un exemple, voici les statistiques de ma chaîne pour le mois de mai 2020 : en un mois, elle a généré 76.000 vues, pour 56,80€ touchés grâce à Adsense, soit 0,75€ pour 1000 vues. 

2. Les partenariats

On appelle partenariat les collaborations avec les marques. Il existe deux formes principales de partenariats :

  • les vidéos dédiées, qui parlent exclusivement du produit,
  • les « inserts », à savoir un passage sponsorisé dans une vidéo, qui tourne autour de 3-5 minutes.

Souvent, la vidéo dédiée est plus chère que l’insert, puisque le focus sur la marque est plus prononcé et que cela demande plus de travail aux créateurices. 

Il existe beaucoup d’extrapolations autour de ce type de revenus. A vrai dire, on a l’espoir d’un chiffre stable, d’une grille tarifaire qui s’appliquerait à toutes les marques et les créateurices. Que nenni ! 

Au-delà des variations inévitables liées à l’étendue de la communauté (une chaîne de 2000 personnes n’aura pas d’offres aussi avantageuses qu’une chaîne de 200.000 personnes), les fluctuations de prix sont énormes. Par exemple, une boutique érotique qui ne peut pas faire de publicité sur le marché traditionnel aura un énorme budget alloué aux partenariats, puisque la marginalisation de la sexualité l’oblige à passer par des biais détournés pour parler de ses produits. Ainsi, un partenariat avec un love-shop sera plus lucratif qu’un partenariat avec une petite boutique indépendante de bijoux made in France, qui a forcément peu de moyens, ou que toute autre marque qui aura développé un autre type de communication. 

Le prix d’un partenariat dépendra aussi des bénéfices immenses qui peuvent être dégagés derrière. Par exemple, une marque de produits de privation calorique (ils appellent ça « rééquilibrage alimentaire », mais c’est du mytho) me proposerait évidemment un partenariat bien plus avantageux que la fameuse boutique de bijoux indépendante, puisque le marketing agressif de la minceur touche bien plus à l’émotionnel que des bijoux, et donc fait vendre beaucoup plus de produits. Vicieux, n’est-ce pas ?

Enfin, disons ce qui est, les prix varient également en fonction de l’éthique de la personne en charge des partenariats. Tandis que certaines valoriseront le travail à sa juste valeur et ne rechigneront pas sur les tarifs demandés, d’autres passeront plusieurs mails à négocier pour faire baisser le prix de quelques dizaines d’euros, ou refuseront en bloc le tarif.

Comment, avec environ 15.000 abonné·e·s, je réussis à débloquer des partenariats ? 

Voici les deux cas de figure qui se présentent à moi avant d’aboutir à un partenariat :

  1. Les marques viennent à moi : je reçois de nombreux mails par semaine me proposant des partenariats, et j’en refuse 90%. Beaucoup ne sont pas fiables et tentent d’arnaquer les créateurices, d’autres ne sont pas du tout en accord avec mes valeurs, comme les produits amincissants, et d’autres encore veulent simplement m’envoyer des produits gratuits, sans me rémunérer (dans ce cas, ce n’est pas un partenariat mais un simple cadeau).
  2. Je démarche les marques moi-même : dans ce cas-là, je cherche des marques qui sont en accord avec mes valeurs (vegan, faites en europe, respectueuses de l’environnement, qui oeuvrent pour la libération des femmes et l’amour de soi, etc.), ce qui n’est déjà pas simple. Puis, j’envoie des mails ou j’appelle, ce qui prend un temps fou. 90% restent sans réponse, et les 10% restants peuvent mettre des mois avant d’aboutir, ou être finalement refusés. 

3. Les projets annexes

Avoir une communauté présente, fidèle et grandissante est une immense source de richesse, à la fois émotionnellement, grâce au soutien apporté, mais aussi pratiquement, puisque cela permet de monter de beaux projets. Ainsi, il y a toujours des personnes disposées à insuffler du mouvement dans les nouvelles idées des créateurices de contenu. Pour ma part, j’ai pu lancer ma boutique en ligne de créations, ainsi qu’une offre de coaching universitaire. Cela peut également être un ebook, une formation en ligne, etc. Ces projets périphériques assurent une plus grande indépendance et une certaine sécurité financière, puisqu’ils ne dépendent pas des marques. Toutefois, ils nécessitent de se former à de nouvelles activités (comme construire un site internet) et demandent beaucoup d’énergie lors de leur mise en place. 

Accepter de travailler gratuitement 

Cet exposé vise à montrer que, pour espérer gagner de l’argent sur Youtube, il faut avant tout être passionné·e et considérer l’argent comme secondaire, en tout cas au début. Si l’on n’a pas la chance d’avoir un énorme buzz qui nous lance sur YouTube, le chemin est long et requiert énormément de patience. YouTube n’est lucratif que pour une minuscule poignée de personnes, comme c’est le cas dans le monde de l’écriture, de la musique ou du cinéma. 

Alors, combien je gagne ? 

Aujourd’hui, après presque quatre ans sur Youtube, en combinant Adsense, les partenariats et les projets périphériques, je dégage environ 350€ par mois. Eh oui, on est encore loin des millions et de Beverly Hills ! Mon objectif reste toutefois de dégager un revenu correct, pour pouvoir en vivre réellement. Petit pas par petit pas ! 

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