Une série de portraits consacrée aux « jeunes ». On parle souvent d’eux comme une entité homogène mais qui sont-ils réellement, dans leur singularité ?
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Coucou ! Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Paul, j’ai 20 ans et je suis né dans la région stéphanoise. Je suis essentiellement fan de musique (métal, jazz, blues et classique), de cinéma, de jeux-vidéo et de politique. Actuellement je suis sur la fin d’une année d’apprentissage de l’anglais à Dublin où j’y ai commencé mon blog ChroniqueBobo. Je commencerai mes études l’année prochaine où je serai en prépa au concours d’infirmier.
Qu’est-ce qui te donne envie d’être infirmier ?
J’ai passé beaucoup de temps de ma vie à l’hôpital : en 2010, je me suis fait renverser par une voiture. J’ai donc beaucoup discuté avec des infirmiers et infirmières et je me suis rendu compte que ce n’était pas juste une question de faire des piqûres et donner des cachets mais que c’était une relation humaine qui aide énormément le patient. C’est ce genre d’aide que je veux donner. Au début je voulais faire ce métier juste pour rendre ce qui m’a été donné, puis je me suis rendu compte que c’était vraiment ce que je voulais faire. Aider les gens, tous, si possible.
En quoi cet accident en 2010 a changé ta vie ?
Ça a totalement changé ma vie parce que cet accident a provoqué une amnésie, je n’ai quasiment aucun souvenir de ma vie d’avant 2010. Je me souvenais des personnes et qui elles étaient pour moi au niveau relationnel mais je ne me souvenais plus qui j’étais et forcément ça fout un coup au moral. J’ai fait une dépression chronique après ça et j’ai passé trois ans à prendre du Prozac. J’ai donc dû me reforger très vite une personnalité et je crois que ma personnalité d’aujourd’hui découle du Paul de 2010 qui se réveille dans sa chambre d’hôpital en se demandant qui il est.
Donc maintenant tu ne prends plus de Prozac. Comment tu te reconstruis depuis ?
Je n’en ai plus vraiment besoin. je continue simplement à vivre en m’intéressant au monde qui m”entoure et en y réfléchissant, c’est parfois triste ou scandaleux mais c’est parfois grand et plein d’espoir. J’écoute aussi beaucoup de musique, ma première passion, beaucoup de métal extrême, ça me défoule et c’est aussi une musique que j’aime. Je regarde beaucoup de films aussi, j’entretiens mon blog et je lis la presse, c’est sans doute la seconde chose que je fais le plus, ça me permet de rester informé.
Tu m’as dit tout à l’heure (dans ton mail) que tu étais un jeune “lambda”, pourquoi tu as dit ça ?
Je dis “lambda” dans le sens où je ne suis pas une personnalité célèbre même si j’ai le sentiment que ma voix sera un jour entendue à une plus grande échelle. Je dis “lambda” parce que je ne me sens pas différent des autres même si tout mon entourage me le dit.
Ton plus grand rêve ?
Être un musicien célèbre. Ou simplement être célèbre pour mes mots ou ma pensée qu’elle soit politique ou philosophique.
En quoi c’est cool d’avoir 20 ans en 2017 ?
Je pense que c’est à double-tranchant. D’un côté on a grandi avec internet et les nouvelles technologies donc on est plus alerte sur les nouvelles choses et sur la rapidité des nouvelles qui nous parviennent. Mais d’un autre côté, la génération de nos parents semble avoir peur et veut sans cesse nous accompagner ou nous assister parce que la vie est “dangereuse”. Je ne pense pas ça. J’ai l’impression que nous avons tout ce qu’il faut pour nous épanouir et nous développer mais la génération précédente ne veut pas nous lâcher la main.
Donc ce qui est dur quand on a 20 ans en 2017, c’est d’être trop accompagnés par la génération précédente ?
Je pense oui. C’est cette forme de frustration qui nous empêche de totalement nous développer. Je suis sûr que certaines choses iraient mieux (la cause des femmes par exemple, l’égalité des sexes) beaucoup plus vite si nous n’étions pas sans cesse repris par la génération d’avant. C’est ce qu’il y a de plus frustrant pour moi. J’ai l’impression que cela n’aide pas la cause féministe que je défends, ni la reconnaissance des droits LGBT+ ou l’écologie parce que nous sommes encore soumis à la philosophie de nos parents pour qui il n’y avait pas besoin de s’inquiéter de ces choses là. Aujourd’hui la chose est trop grave pour ne pas s’en inquiéter mais ça va trop lentement.
Tu peux nous donner une musique à écouter, un film à voir et un livre à lire ?
Ah question compliquée, je nage un peu dans la culture. En musique je dirais De Mysteriis Dom Sathanas de Mayhem pour comprendre ce qu’est le black metal. Film, je ne vous dirai pas de regarder Star Wars parce que tout le monde les as vus alors ce sera Horns avec Daniel Radcliffe, qui m’a vraiment mis une claque et je ne comprends pas pourquoi ce film n’a pas plus de succès. Pour ce qui est d’un livre je dirais la BD V Pour Vendetta écrite par Allan Moore.
Si tu devais dire quelque chose à ton toi dans 20 ans, ce serait quoi ?
“Reste curieux ou tu prends mon pied dans le cul.”