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Portrait – On n’est pas sérieux quand on a 17 ans

Posté par SandraK 9 avril 2017

Une série de portraits consacrée aux « jeunes ». On parle souvent d’eux comme une entité homogène mais qui sont-ils réellement, dans leur singularité ?

Si tu veux participer toi aussi, contacte-nous par mail : gomasio@berthine.fr

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Anna. J’ai 17 ans, je suis en Terminale L.

Passionnant. Et sinon raconte-nous ta vie un peu plus en détail ?

Hum… je fais du théâtre, de la danse classique et du chant. J’aime le cinéma, dormir, mon chat, sortir, bien manger, lire… Tu peux résumer en disant que je suis une épicurienne quoi.

Ah la philo… Tu arrives sur la fin de tes années lycée, qu’est-ce qui est à garder et qu’est-ce qui est à jeter pour toi ?

À garder ? Le bâtiment, parce qu’il est joli. À jeter : le self. (rires) Plus sérieusement, je trouve les professeurs pas assez proches de leurs élèves. Par exemple on n’a pas leurs adresses mails, pour pouvoir les contacter plus facilement ; on est obligés de les vouvoyer etc… Les cours ne sont pas vivants du tout. À comparer, je préférais grandement le collège qui était plus chaleureux, les gens se parlaient, se connaissaient tous. Globalement, l’ambiance au lycée est assez mauvaise. D’apparence, les gens ont l’air plus sérieux, plus concentrés sur le travail mais en réalité les gens se regardent mal et se jugent en permanence. Malgré tout, j’ai construit des amitiés importantes et la plus grande liberté est appréciable.

Ton plus grand rêve ?

Je sais pas, je peux dire être heureuse ? Mais être heureuse c’est quand on réalise son plus grand rêve, non ? Je ne sais pas moi. Disons, créer un contenu artistique dont je suis fière. Une pièce de théâtre, un film, un livre. Un truc qui reste.

En quoi c’est cool d’avoir 17 ans en 2017 ?

On peut citer la poésie de Rimbaud, je trouve que ça résume bien (ndlr : on n’est pas sérieux quand on a 17 ans). On n’est pas encore majeur mais on l’est presque. On a quasi les avantages des deux sans avoir les inconvénients. Non, en vrai l’âge, ça veut rien dire, 16, 17 ans… Disons qu’au moins, à la différence d’en 1871, j’ai Netflix.

En quoi c’est dur ?

C’est un peu comme dans 1984, tout laisse des traces. J’ai l’impression d’être observée. En fait, tu ne peux pas sortir du radar. Ça paraît ridicule mais nos vies sont mises en scène sur Instagram, Twitter, Snapchat… Si tu n’es pas sur les réseaux, c’est presque comme si tu n’existais pas. C’est comme ça que ça fonctionne, tu feras moins attention à des gens qui n’ont pas de traces sur les réseaux… quand tu les croises, tu ne sais pas qui ils sont, avec qui ils sont ami-e-s etc… Ce qui a changé avec l’existence des réseaux, c’est que t’es déjà quelqu’un avant même d’avoir décidé qui tu veux être. Ce qu’on va dire de toi te créé ton identité, ainsi tu essayes de correspondre au modèle qu’on te plaque et c’est un cercle vicieux…

To be nobody – but -yourself– in a world which is doing its best, night and day, to make you everybody else–means to fight the hardest battle which any human being can fight; and never stop fighting. EE Cummings

Tu peux nous donner une musique à écouter, un livre à lire, et un film à voir ?

Une musique :

Un livre : « Automne allemand » de Stig Dagerman

Un documentaire : « Streetwise » de Martin Bell

Si tu devais dire quelque chose à ton toi dans 20 ans, ce serait quoi ?

J’espère que t’es encore en vie.

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