L’affaire en quelques mots
Au cas où vous n’auriez pas suivi cette polémique (qui prend de l’ampleur), on va essayer de vous faire un résumé le plus simple possible.
L’année dernière, Spotify a signé un chèque de 100 millions de dollars au podcaster Joe Rogan, pour pouvoir l’avoir en exclusivité sur sa plateforme. C’est une star incontestée des podcasts aux USA, et ça aurait dû être une acquisition rentable pour Spotify… Sauf que voilà, Joe Rogan multiplie les épisodes de ses podcasts dans lesquels il tient une position à la fois antivax et complotiste.
Devant cet état de fait, le chanteur Neil Young a menacé Spotify de se retirer de la plateforme, s’ils ne viraient pas le complotiste Joe Rogan. Spotify a refusé, Neil Young a exigé que ses morceaux soient retirés, Spotify c’est exécuté.
Les albums de Neil Young ne sont donc plus disponibles sur Spotify, alors que les podcasts antivax de Joe Rogan le sont.
Spotify soutient un antivax complotiste ?
C’est ce qu’on pourrait se dire devant les faits. Si Spotify fait ce choix là, c’est forcement idéologique, d’autant plus que perdre les 100 millions de dollars investis en se séparant de Joe Rogan ne serait pas une perte immense au vu des revenus brassés par la plateforme.
Mais alors pourquoi ?
La raison probable est plus pragmatique. D’un point de vue purement business, Spotify est devant « le choix de Sophie ». Soit elle se fâche avec ses abonnés pro-vax (et éventuellement les fans de Neil Young), soit elle se lance dans une opposition frontale avec les antivax, en supprimant le podcast de Joe Rogan.
C’est un calcul à faire donc… Quelles seraient les plus grandes pertes pour Spotify ?
Les antivax, bien plus structurés, peuvent faire tomber Spotify
Et oui, on le sait, les communautés d’antivax et de complotistes, en particuliers américaines, sont ultra structurées, mobilisées et organisées. Si un appel au boycott de Spotify est lancé par ces groupes, ça peut être destructeur pour et très violent en terme de pertes d’abonnés, au niveau mondial.
A contrario, les utilisateurs lambda, pro vaccins, fâchés par la position de Spotify, ne sont pas organisés. Même si beaucoup se désabonnent aujourd’hui, on peut supposer que ce mouvement sera de toutes manières moins violent à l’encontre de la plateforme. Pour Spotify, il vaut probablement mieux perdre 10 provax contrariés, que 100 antivax ultra mobilisés.
L’autre risque étant évidemment que d’autres artistes d’importance suivent la voie choisie par Neil Young, mais rien n’est moins sûr, étant donné le poids que Spotify a dans la rémunération des artistes.
À voir sur la durée comment Spotify va s’en sortira, et si cette position est effectivement la moins pire, et la plus protectrice pour l’entreprise.