C’est un fait avéré : en détruisant notre planète, nous détruisons notre écosystème et notre espèce. Abandonner n’est pas une option, trouver des solutions est une obligation. Cet article nous est offert par Aloïs qui, grâce à cette critique littéraire, tire une énième fois la sonnette d’alarme tout en nous invitant à agir.
Novembre 2018. Je reçois les deux tomes de Siècle Bleu dans ma boîte aux lettres. Je ne savais pas que l’ouverture de ce colis serait source d’une telle transformation (ou révélation ?) pour moi.
À peine les premières pages avalées, j’ai été happé par le récit imaginé par Jean-Pierre Goux. Au point que je n’ai pas lâché ses personnages deux nuits durant, jusqu’à clore le livre, à mi-chemin entre le rêve et l’admiration, la réalité et l’envie d’agir, vite. Depuis, la réalité rattrape la fiction. Mais avant de vous en dire plus, je voudrais vous présenter Jean-Pierre Goux et Siècle Bleu.
Jean-Pierre Goux est un ancien chercheur en mathématiques de la grande Northwestern University et au sein du Argonne National Laboratory à Chicago. C’est dans ce cadre qu’il obtient le prestigieux prix SIAM Optimization pour ses travaux. Depuis son retour en France, il travaille dans le monde de l’énergie le jour, et s’engage pleinement pour l’écologie la nuit.
Jean-Pierre Goux est l’auteur de la saga Siècle Bleu et co-fondateur du projet Blueturn dont l’objectif est de reproduire l’overview effect, en montrant pour la première fois de l’Histoire la terre dans son entière révolution et éclairée en permanence. Cela concrétise ainsi le rêve qu’il réalise depuis plus de 20 ans.
Alors que la prise de conscience que nous vivons dans un monde fini n’a jamais été aussi forte, que les mouvements autour de la collapsologie prennent de l’ampleur, Jean-Pierre Goux promeut une « vision utopique éclairée » qu’il met en oeuvre dans Siècle Bleu. Profondément optimiste, il plaide, non pas pour sauver la planète mais pour lui donner l’amour dont elle a besoin et défend une approche « radicalement nouvelle et pluridisciplinaire, basée sur l’éthique, le courage et la vision de long terme ».
Dans Siècle Bleu, Jean-Pierre Goux réussit le tour de force de nous faire comprendre des phénomènes scientifiques complexes tout en maintenant le lecteur dans une course contre la montre haletante et une course poursuite saisissante. Siècle Bleu, c’est l’histoire d’Abel, climatologue le jour, éco-activiste la nuit. Pour dénoncer les exactions américaines contre l’environnement, la volonté de posséder des armes toujours plus puissantes, Abel fonde Gaïa, une organisation clandestine qui mène des actions coups de poing. Dans le même temps, Carlson, le président américain, manipulé par les industriels les plus puissants du pays, cherche à doubler la Chine en faisant des États-Unis la première puissance à retourner sur la lune. Pour les deux géants l’objectif est le même : mettre la main sur une ressource précieuse, notamment pour la fusion nucléaire, l’Hélium 3. Trois hommes et une femme s’envolent donc vers la lune : Gary Tyler, chargé d’une mission secrète, Eileen Johnson chargée de commander la mission, Scott Hughes, le scientifique de la bande, spécialiste de l’hélium 3, et Paul Gardner qui a été choisi dans une émission de télé-réalité par les téléspectateur.rice.s afin d’assurer le soutien populaire à la mission lunaire.
Évidemment, les événements ne se dérouleront pas comme il était prévu et des actions pernicieuses doivent être cachées. Carlson et ses conseillers décident donc de jeter Gaïa en pâture et d’en faire le bouc émissaire des États-Unis. C’est sans compter sur la détermination, la capacité d’Abel à créer et utiliser les synchronicités. C’est sans compter également sur l’aide inconditionnelle de Lucy, auteure d’une thèse sur les “petits mondes” et qui n’hésitera pas à donner de sa personne pour montrer la vérité des malversations financières et politiques au grand jour.
La course poursuite avançant, le temps semble s’accélérer. La traque d’Abel par le pouvoir américain, la traque de la vérité par Abel et les récits lunaires vont petit à petit mener les citoyens à choisir entre le discours officiel et la volonté de réenchanter le monde d’Abel. Siècle Bleu propose ainsi une vision du 21ème siècle entre « Ombres et lumières », mêlant sciences « dures », spiritualité et philosophie des Indiens Navajos et une documentation très précise sur le monde qui vient.
« Je suis certain que ce siècle, si noir, pourrait devenir bleu. Il suffit de peu de choses, juste que nous le voulions ensemble. Cet effort doit s’inscrire dans la durée. Un siècle par exemple. Le temps nécessaire pour bâtir une cathédrale. L’humanité doit inscrire son action dans un temps qui la dépasse. C’est ça : rêvons d’un Siècle Bleu. Celui de la réconciliation entre les Hommes, la Terre et le Cosmos. Celui qui permettra à nos enfants de continuer à vivre normalement. Celui dont les générations futures pourront être fières. Pensons à leur joie si nous réussissons. Et à notre honte si nous échouons. Nous pouvons réussir. » – Extrait de Siècle Bleu |
Comme je le disais en introduction, lire Siècle Bleu en 2018, alors que sa première publication date de 2010, prend un sens d’autant plus fort qu’il résonne profondément avec l’actualité contemporaine.
D’abord parce que Jean-Pierre Goux le dit lui-même, il “s’inspire de la réalité. De toutes celles et ceux qui se battent pour inventer un autre monde et de ceux qui à l’inverse conspirent pour que rien ne change. Si on veut que les mouvements sociaux actuels débouchent sur une société harmonieuse, il faut transformer la haine et la colère en un projet de société et cela passe par une vision enthousiasmante. Pour cela, la vision de la Terre depuis l’espace et la transformation vécue par les astronautes en la découvrant (appelée « overview effect ») pourrait nous inspirer. C’est l’idée fondatrice de Siècle bleu.” (interview sur Monsieur Mondialisation).
Ensuite, parce que l’idée de l’éco-activisme présentée à travers Gaïa apparaît aujourd’hui comme nécessaire face à ceux qui, au mépris des lois humaines et naturelles, détruisent notre environnement commun. Toujours en citant Jean-Pierre Goux “Siècle bleu est une ode à toutes celles et ceux qui prennent des risques pour leur vie pour préserver les droits humains et les droits de la Terre.”
Enfin, parce que l’idée de conquête spatiale est au coeur de l’actualité médiatique ces derniers mois mais encore plus ces dernières semaines. En effet, la Chine a réussi à poser un Rover sur la face cachée de la lune (pour y chercher de l’helium 3 ?) ; de nombreux satellites ont été envoyés dans l’espace ces derniers temps, montrant que la conquête spatiale est redevenue un enjeu stratégique majeur.
Pour conclure, j’ai été complètement happé par le récit de Siècle bleu. Il m’a ému, motivé, révolté. Il est ironique de constater que j’ai eu entre les mains une édition qui, en étant rééditée plusieurs années après sa première publication, reçoit un écho que le roman n’avait pas eu au préalable, justement parce que nous étions sourds aux alarmes qui résonnent depuis des années. Il s’agit pour moi de l’histoire d’un point de bascule de l’humanité, d’une voie possible vers la transformation de l’Homme et de sa relation avec cet être vivant qu’est la Terre.
Jusqu’à quel point le récit fictionnel de Siècle Bleu rejoindra-t-il le récit réel que nous écrirons du 21ème siècle ?
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Venez rencontrer Jean-Pierre Goux le 30 Janvier à Cobalt (5, rue Victor Hugo, 86000 Poitiers) à 19h. Il nous parlera de Siècle Bleu mais aussi de Blueturn. Il sera le premier intervenant d’un cycle plus long intitulé “Déconstruire et réinventer : actions concrètes et positives pour l’avenir”.