Naviguant entre rock cosmique et électro-pop, Solomon Pico nous vient tout droit d’une galaxie fort fort lointaine. Nourrie par sa longue expérience londonienne, sa musique nous rappelle à la fois les grands classiques du rock, mais interpelle aussi grâce à son ambiance spatiale hors du commun… Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de son premier EP « Shifted ».
Hang on, by Solomon Pico
Salutations, Solomon Pico! Pourrais tu nous décrire ton projet en quelques mots?
Bonjour ! C’est un projet solo actuellement basé à Lille après plusieurs années passées à Londres.
Quelles sont tes influences musicales?
Impossible de ne pas mentionner David Bowie ! J’ai grandi avec sa musique grâce à mon père, un fan absolu, et c’est une influence presque écrasante pour moi et beaucoup d’autres musiciens – le Picasso du rock en quelque sorte. Bowie c’est un impact inégalé sur la musique de notre temps, une voix exceptionnelle couvrant plusieurs octaves, et un talent inouï pour la réinvention, naviguant audacieusement entre glam-rock, folk et électro pendant près d’un demi-siècle. C’était aussi un très bel homme et un personnage incroyablement drôle et charismatique, comme on peut le constater dans ses nombreuses interviews (je passe beaucoup de temps sur Youtube…). Bref une sorte de demi-dieu, en toute objectivité ! « The man who fell to earth », comme le titre d’un de ses films.
Sinon j’écoute énormément de musique dans différents styles : sans surprise, les classiques du rock et de la folk (Beatles, Kinks, Pixies, Blur, Neil Young, Johnny Cash…), mais aussi de l’electro (Fatboy Slim notamment), de la soul et du hip-hop old school comme A Tribe Called Quest. Un peu de tout en fait, à part le métal et les horreurs commerciales sans âme. Parmi les artistes plus jeunes, je pourrais citer St. Vincent, Aldous Harding, Alela Diane et surtout Anna Calvi : que des superbes voix féminines dans un monde musical qui manque cruellement de femmes !
Si tu pouvais jouer avec un.e musicien.ne, ce serait qui?
Le grand David ayant malheureusement rejoint les étoiles l’an dernier, je dirais le très sous-estimé Gaz Coombes. C’est l’ancien chanteur de Supergrass, un de mes groupes anglais préférés, et un excellent musicien qui s’est lancé dans une belle carrière solo depuis quelques années. En plus il a l’air plutôt sympathique !
Avec le développement de nouvelles plateformes de partage, le marché de la musique se diversifie de plus en plus. Tu penses que c’est un développement positif pour la musique ?
C’est assez difficile de répondre à cette question. D’un côté, internet offre beaucoup d’opportunités et permet de partager sa musique instantanément, et gratuitement, dans le monde entier. C’est super pour des nouveaux projets comme le mien. Mais je dois avouer que je suis également assez nostalgique de l’âge d’or du rock, quand les artistes étaient repérés et soutenus par des labels et les disques se vendaient par millions… Internet offre une très grande liberté mais c’est un océan immense, et il est aujourd’hui très difficile de gagner de l’argent avec la musique puisque tout est accessible presque gratuitement. Et je ne parle même pas de devenir millionaire, simplement d’être payés décemment pour son travail. D’autant plus que le matériel coûte extrêmement cher (75 euros pour une simple pédale d’accordage de guitare par exemple). C’est bien beau la liberté, encore faut-il avoir les moyens techniques et financiers d’en profiter pleinement.
Je regrette également l’époque où des groupes visionnaires et exigeants comme les Beatles vendaient des dizaines de millions d’albums. Il existe aujourd’hui une distinction regrettable entre musique « commerciale » et musique « intelligente » : on méprise les gens comme s’ils n’étaient pas capables d’apprécier autre chose que des rappeurs sexistes sans cervelles ou des divas autotunées ! Pour être honnête, les artistes « indie » peuvent aussi faire preuve d’un certain snobisme un peu hipster, ce qui n’aide pas… Mais je suis peut-être trop pessimiste, il y a aussi d’excellents groupes comme les Arctic Monkeys qui rencontrent un très large succès.
La meilleure expérience musicale de ta vie?
J’espère que le meilleur est encore à venir, mais j’ai beaucoup de chance de jouer avec les musiciens qui m’accompagnent actuellement, tous des amis et des gens très doués. Et je suis bien content de sortir enfin mon premier EP avec des chansons dont je suis fier, un mixage pro et une super pochette réalisée par mon cousin avec le photographe Nicolas Fatous ! Ca va me permettre de bien faire avancer le projet dans les prochains mois, et c’est en plus une vraie satisfaction personnelle. Je dirais presque narcissique !
Est ce que tu peux nous raconter un peu le processus de création: où trouves tu l’inspiration pour tes paroles, la musique…
Je commence toujours par la musique, souvent une suite d’accords, une rythmique ou une petite mélodie. Je me laisse ensuite guider par ce premier jet pour finir les arrangements et les paroles, mon point faible. J’écris généralement la base des chansons au piano ou à la guitare acoustique avant de les retravailler avec mon logiciel (Ableton) et de les proposer au groupe.
En plus des artistes mentionnés plus haut, mon inspiration vient principalement de mes lectures, des films que j’ai aimés et des petits tracas de la vie quotidienne. Je ne me trouve pas très doué pour la vraie vie, donc j’essaie de me rattraper comme je peux avec la musique !
Quels sont tes projets pour les mois/années à venir?
Des concerts pour promouvoir l’EP et faire avancer le projet, et un 2ème EP déjà en préparation ! Je peux déjà vous révéler le titre d’un des morceaux que je viens d’écrire et qui sortira dans quelques mois : « Wild Supernova ».
Et une révélation embarassante pour finir ?
Il m’arrive de chanter du Robbie Williams sous la douche.
Brighton Pier, by Solomon Pico
Pour aller plus loin…
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