L’été c’est le moment où, encore plus que d’habitude, j’ai envie de passer mon temps à écouter de la musique. En plus de ça, à cette période, j’ai facilement tendance à préférer les gros hits sans aucun sens à la finesse des mouvements d’une symphonie. J’ai envie de me réveiller de bonne humeur et de croire que je sais danser tout en m’habillant. J’ai envie de conduire les fenêtres ouvertes en braillant les paroles du tube de l’été en yaourt. J’ai envie de profiter du coucher de soleil sur le morceau le plus chill du moment. Pour tout ça, il m’est facile de constater que l’électro grand public, qui incarne le caractère festif de la période estivale, répond parfaitement à mes envies. Et oui, mais non.
La musique électronique est le style le plus diffusé sur les radios françaises et représente un marché qui génère plusieurs centaines de millions d’euros chaque année, surtout grâce au live. L’électro c’est un des principaux genres de l’EDM, « l’electronic dance music » (avec la House, la Techno etc.), dont le but premier est de faire danser les gens dans les clubs ou en festivals. Les programmateurs des plus gros festivals français ne s’y trompent pas et ont surement envie, comme moi, de se trémousser sur des rythmes de fous dans les nuits tempérées de juillet et d’août. C’est pour ça que, du prodige encore adolescent aux plus grands DJ internationaux jet lagués, les festivals à côté de chez toi contiennent quasiment tous un ou plusieurs noms d’artistes électro dans leur programmation. Ça donne envie de se retrouver avec ses potes dans un lieu sympa pour passer une bonne soirée. Festival + musique + ami.e.s = été réussi (selon moi).
De mon côté, j’ai souvent entendu parler de ces têtes d’affiches électro, sans doute étant un cerveau un peu trop ouvert à la musique des publicités et aux suggestions mainstream de YouTube. Je connais aussi les plus petits artisans de l’électro qui pétrissent leurs sons « posés » et leurs visuels léchés toute l’année pour sortir de leur tanière une fois que la saison des festivals est déclarée ouverte. Du coup, impatient petit festivalier que je suis, j’ai toujours hâte d’aller à un concert voir ce que l’artiste que j’ai écouté des heures dans mes écouteurs et enceintes va me proposer comme expérience en live. Et là, c’est le drame. Qu’iel soit seul ou à plusieurs. En train de mixer ou de tapoter sur les petits carrés multicolores de sa MPC. Qu’iel ait prévu un spectacle pyrotechnique en plus de son set, rien n’y fait, l’émotion ne passe pas, l’envie de danser ne vient pas, j’attends désespérément l’artiste suivant.
Quand la musique est trop douce j’aimerai faire des grands signes au gugus qui tripote ses boutons au loin pour lui signifier que je suis en train de m’endormir. Quand le/la DJ balance de manière ultra répétée des « drops » qui te font autant de bien que des coups de barre de fer sur le crâne – en te demandant de sauter en levant les mains en criant en te baissant en montant sur les épaules de ton ami.e en allumant le flash de ton portable – j’ai juste envie de creuser un trou et disparaitre de la foule de festivaliers qui m’entourent. En rajoutant à ça le fait que les DJ sont rarement des grands communicants, j’ai presque toujours terminé un concert d’électro ou un set dans un festival en me disant « plus jamais ». Mais HEUREUSEMENT le festival est aussi, et surtout, le lieu où il est possible de découvrir pleins de groupes ou d’artistes pour lesquelles tu n’étais pas venu à la base mais qui savent ce que c’est que de faire de la scène. C’est-à-dire, pour ma part, de voir des gens qui, en chantant ou non, avec ou sans instruments, électroniques ou pas, font passer une émotion, une énergie qui me touche l’espace d’un instant.
Je t’en veux pas hein L’électro, on est pas devenu incompatible à tout jamais. C’est juste que je préfère attendre la grisaille de l’automne pour te remettre dans mes oreilles parce qu’à mon goût tu ne mérites pas ta couronne de reine de l’été et des festivals.