Culture

Vernon Subutex de Virginie Despentes, tome 3 prévu pour le 24 mai!

Posté par Marie 22 avril 2017

Crédits photo: Couverture de Vernon Subutex I, Karim Adduchi, Getty Images.

Après des succès tels que Baise Moi (1993) ou encore Apocalypse Bébé (2010), le talent de Virginie Despentes n’est plus à prouver. Son style d’apparence cru et incisif est marqué d’une poésie sous-jacente bouleversante ; il n’y a pas à dire, Virginie Despentes est une grande romancière. C’est pourquoi il est d’autant plus étonnant que les premiers tomes de la trilogie Vernon Subutex soient encore meilleurs que prévus.

Vernon Subutex, c’est l’histoire d’un homme qui s’appelle Vernon (jusque-là, pas de grande surprise) qui a la cinquantaine ; ancien patron d’un magasin de disque, il tombe dans une spirale infernale après la fermeture de sa boutique. Ses amis meurent un à un, emportés tour à tour par le cancer ou encore la déprime. Puis il est expulsé de son appartement, et ainsi débute une longue cavalcade dans Paris.

Mais les gens de cette génération avaient été élevés au rythme de la Voix dans la Maison des Secrets : un monde dans lequel le téléphone pouvait sonner à n’importe quel moment pour te donner l’ordre de virer la moitié de tes collègues. Éliminer son prochain est la règle d’or de jeux dont on les a gavés au biberon. Comment leur demander, aujourd’hui de trouver ça morbide ?

 

Vernon Subutex I, Edition Grasset, page 21

 

La construction romanesque est remarquable. C’est une intrigue polyphonique, c’est-à-dire que chaque chapitre est centré autour d’un personnage différent (et de Vernon, à une transsexuelle brésilienne, à un membre des Jeunes Identitaires ou encore une adolescente musulmane très pieuse, je peux vous  dire qu’il y en a, des différences !). En tout, une petite vingtaine de personnages se tournent autour, se croisent, se connaissent, se rencontrent, et gravitent tout simplement autour du mystérieux Vernon Subutex, jusqu’à ce que leurs voix multiples se rejoignent en fin de roman.

On y retrouve tous les éléments si reconnaissables du style de Despentes : le tableau social réaliste, l’engagement féroce, et une façon de décrire chaque personnage avec tant de clairvoyance qu’il est impossible de ne pas s’y identifier, même avec les plus improbables.

La prunelle de mes yeux. L’expression peine à rendre ce qui lie le parent à son nouveau-né. La prunelle de ses yeux, on pouvait la lui arracher sans qu’il tombe – la moelle de mes os s’approcherait davantage, pour dire que ça parcourt tout ce qu’on est, et qu’il s’agit du lien qui s’établit, avant même qu’on soit capable de reconnaître son enfant parmi les autres. Il était à peine arrivé, et déjà la terreur avait rempli Patrice.

Vernon Subutex I, Edition Grasset, page 273

Exemple concret: le Patrice dont il est question dans cet extrait, père épanoui d’un nouveau-né, bat sa femme et vote FN.

Le second tome, plus lumineux, vient parfaitement compléter la noirceur du premier. Mais alors, quelles surprises nous réserve l’ultime épisode ? Réponse (très attendue !) le 24 mai. Si ce n’est pas déjà fait, il vous reste un gros mois pour lire les deux premiers !

Laisser un commentaire

À lire